Bienvenu en Atlantique

Comme notre copain Eric nous l’a écrit dans ses conseils météo (merci Eric dit Riquet), l’Atlantique commence au Cap Saint Vincent. »Le passage du Cap St Vincent marque un changement de système météo.  Après St Vincent, le système est pur Atlantique ».

Le cap Saint Vincent, nous l’avons laissé derrière nous cette nuit. Coucher de soleil, lever de lune à 23h20. Le vent tombe et nous décidons de mettre le moteur pour ne pas « traîner », suivant les conseils de tous nos routiers météo, traduisez, les copains pro des convoyages entre la Méditerranée et la Bretagne. Nous devons être à la fin du mois à La Rochelle et 800 milles pas des plus faciles sont devant nous. Nous ne pouvons pas nous la jouer voile puriste, ce que nous préférons tous bien sûr.

Le moteur tourne, j’embraye et hop, un bruit anormal, … une oreille vers l’intérieur, le bruit vient de l’arbre d’hélice. Un second  essai furtif pour confirmation, et je mets au point mort. Yves sort de sa bannette, procède méthodiquement en 18 secondes au décoffrage du moteur, ce qui consiste à tout d’abord débarrasser le dessus du capot moteur de nos vides poches, de deux jolis plateaux « faits maison » ou plutôt « faits bateau » sous les vides poches, du Bonsai qu’il faut libérer des liens qui lui permettent d’accuser les coups de gîtes brutaux, pour ensuite soulever le gros coffre moteur qui trône au milieu du carré. Ce gros coffre pratique et solide à la fois est une coproduction. Yves nous raconte avec plaisir  » Un jour, nous nous sommes assis à cinq autour du moteur en place. Chacun de nous a donné son avis, l’objectif étant de prendre le minimum de volume à l’intérieur du carré. Il fallait définir la forme du cadre en aluminium en tenant compte de la pose de l’isolation phonique du moteur sans qu’elle le touche. Par ailleurs, une contrainte et non la moindre, devait être abordée. Il fallait pouvoir accueillir de façon esthétique le cadeau de mes 60 ans, le bonsai. Le résultat fut l’organisation actuelle avec le bonsai, les mains courantes, boîtes et plateaux. »

Parmi les cinq on trouvait un architecte constructeur (Yves), un charpentier, un électricien navigateur, un peintre, un gréeur. Que ceux qui se reconnaissent et qui veulent bien sortir de l’anonymat sachent qu’ils sont vivement invités à écrire un petit mail à Nicolas pour nous en dire plus sur la fabrication de ce capot moteur. Effectivement, c’est Nicolas qui depuis le départ, reçoit les mails que j’envoie du bateau et les exportent sur le site. Ce site est à ses débuts et nous sommes à la recherche de ce que nous en voulons. Ce qui est sur, c’est qu’on espère qu’il sera écrit avec de nombreux stylo sinon plumes. Donc, les textes qui sont marqués « écrits par Nicolas » sont pour l’instant écrits par Claire. C’est grâce à Nicolas que les nouvelles sont affichées et que nous recevons  des infos météo et autres. On sait qu’il nous « surveille ». Vous pouvez aussi suivre  la route du bateau avec la carte où l’on trouve sa position. Aller dans « cartographie » . On arrive sur une carte du monde et l’on peut zoomer très fortement. Pour cela il faut mettre le curseur sur le bateau et, d’un clic gauche se déplacer pour former un carré de sélection. Recommencer jusqu’à arriver dans une carte de détail.

Puis, avant de continuer, je tiens à vous faire partager un moment de voile agréable car vous l’avez sans nul doute compris, ce n’est pas toujours comme cela. Là, c’est rêvé, et cela fait des heures que cela dure. Les mouvements se combinent pour nous faire ressentir la marche du bateau avec ce premier son qui est celui de l’eau qui court le long de la coque ou plutôt l’inverse. Les mouvements sont une gîte de 15°, un léger balancement rythmé, doux et dynamique à la fois, alliant latéral et longitudinal. Une modification fréquente et subtile de quelques noeuds dans la force du vent nous entraîne, telle les musiques dans des rythmes allegro, addagio ou Andante.  Mais la musique, l’instrumentale nous charme. La musique n’est pas céleste, quoique … mais bien réelle. Elle émane simplement de la sono mais est le fruit d’une compilation personnalisée, une composition de Karine. Alors pas Karine l’institutrice, mais un membre apprécié de notre association, mélomane, élève flutiste et membre bénévole efficace des « Challenges Thalassanté » depuis 2004. Baroque, classique et romantique nous accompagnent avec Telemann, Albinoni, Mozart, le Chant de Tondal, Shumann et Beethoven. Karine, si tu veux toi aussi, apporter une annotation sur ce choix, en tout cas, sache que nous la savourons avec délectation. La lumière est douce, tout est doux et hop, je vais voir la pate à pain qui lève depuis plus de 30mn. Voilà, c’est fait, un coup d’oeil dehors, tout est toujours aussi parfait. Ah, a température, très important la température. Là, elle est aussi parfaite. Bras nus, ni froid, ni chaud.

Alors, l’histoire du moteur. Car la journée est remplie d’événements, et de taille. Alors, je vais accélérer afin de tout vous dire avant d’aller voir le coucher de soleil. Au bout d’un moment, Yves diagnostique un bout dans l’hélice. Le moteur est bien sur stoppé et, merci le vent, il se remet à souffler suffisamment pour mettre les voiles.

Ce matin, on retire un bord vers la côte. A 10h, ballet nautique avec 3 dauphins qui sont joueurs, très présents, complices. Un équipage de trois, comme nous ! Et, là Julien, qui filme avec son appareil photo surprend un souffle puis, a la baleine, ouah ! Les dauphins nous avaient quittés pour aller vers elle !  Ensuite, le temps est venu de s’occuper de l’arbre d’hélice. L’eau à l’air bonne, Julien est spontanément volontaire pour plonger et aller sous le bateau, moi pour me baigner et le filmer. Bateau à la cape, à l’eau et au premier coup d’oeil un gros morceau de filet vert est accroché à l’hélice. Julien le dégage prestement, on se baigne avec délice. M’immerger dans cet océan marque  une fois de plus le « passage » Méditerranée/Atlantique. Et puis ensuite, deux bancs d’au moins 30 dauphins et beaucoup plus pour l’autre. Et, vous savez quoi, et bien un peu plus tard, nous avons vu une tortue faisant route à l’inverse de nous. On l’a salué et souhaité
bon voyage. Peut être va elle en Méditerranée ?

Claire le 23 avril par 38°04 N et 9°22 W.