Lundi 21 avril, c’est la rentrée des classes. L’équipage se réveille à 5h. Moteur à 6h15. Le baromètre est 1014.9 et nous quittons les quais de Gibraltar. La lune et pleine, de gros cumulus la masquent, puis laissent percer les rayons de lune à la manière du soleil. De toutes les façons, les rayons de la lune ne sont ils pas aussi ceux du soleil ?
Cette fois ci, nous sommes dans le détroit de Gibraltar. De grandes éoliennes sur les côtes espagnoles animent les reliefs couverts de
végétation rase, le rocher de Gibraltar affiche sa domination naturelle sur ce passage et les côtes du Maroc sont dans les nuages, nous laissant voir les immenses infrastructures du nouveau port XXL à 40 km de Tanger. Pour avoir traversé quatre fois le détroit en ferry en quelques jours, que ce soit pour aller rencontrer nos amis partenaires ou accompagner Karine prendre l’Avion pour Marseille, pour avoir croisé
sur les ferrys les passagers qui vont et viennent pour le weekend ou
pour aller travailler, pour voir Tarifa à quelques encablures et le Maroc à 7 milles soit moins d’une heure de voile, toutes mes représentations vacillent. Je repense à toutes ces discussions sur l’Europe et la Méditerranée et trouve cet endroit étonnant de simplicité. Ce que l’on perçoit de loin comme une immense séparation avec ses réels écarts en bien des domaines prends l’allure d’une simple distance entre deux rives d’un même port, entre deux quartiers d’une même ville. Ici l’Afrique et l’Europe apparaissent comme deux soeurs complices, jouant avec les vents imprévisibles et les courants pour bien marquer ce passage redouté des marins, qui vers l’ouest et comme nous vont chercher la route des Amériques et vers l’Est pointent leurs étraves vers l’Asie. Nord, Sud, Est, Ouest, Europe, Afrique, Amérique, Asie, ici les points cardinaux se ressentent avec une force environnementale et historique, disons naturelle et culturelle. Détroit de Gibraltar mais aussi Colonnes d’Hercules, tu as vu passer les premiers marins animés d’un besoin incroyable d’exploration, d’une force et d’une confiance qui nous dépasse aujourd’hui. Je salue Pythéas, toi qui est passé par ce détroit à la quête de la connaissance et des routes de l’ambre. Puisse ce passage des Routes Thalassanté nous donner ta force et ton succès dans notre soif de découverte d’un autre monde, celui de la santé. C’est près d’Ottawa que notre étrave va se pointer. Ottawa, ville de naissance de la promotion de la santé en 1986. Ca y est nous sommes près de l’île de Tarifa. Je salue ce passage pour toutes nos familles, amis, partenaires qui nous ont permis de construire cette magnifique aventure associative.
Pour Thalassanté, ce passage me paraît aujourd’hui beaucoup plus symbolique que celui du Cap Horn ou de bonne Espérance. Je me revois il y a 17 ans, tentant sans succès ce passage en solitaire après 22 jours de navigation en solitaire. Les vents en avaient décidés autrement.
Cadix m’accueilli et surtout le club nautique de Puerto Santa Maria avec une autre Claire. Mon objectif était Marseille, parce que Marseille est un port, une ville, parce qu’elle est beauté et diversité. J’ai traversé le détroit avec Stéphane, mis le cap à l’est avec un rêve de tour du monde en solitaire sur ce 60 pieds devenu à Cadix « Thalassanté » grâce à aux lettres adhésives de Chantal et Alain.
J’ai mis l’ancre dans le Vieux Port de Marseille. Je ressors aujourd’hui avec un nouveau 60 pieds devenu Thalassanté toujours grâce aux lettres adhésives de Chantal Alain et aussi grâce à la grande complicité d’Yves, armateur du bateau et avec Julien, le troisième membre d’équipage.