Le grand départ

La majorité des voiliers de la Grande Traversée de l’Atlantique a quitté la sympathique marina de Ponta Delgada. Nos deux anges gardiens, Gérard et Denis, sont repartis ce matin tôt. De temps à autre, un voilier quitte le quai et finalement nous sommes dans les derniers.

Nous saluons le départ de Grain d’Aile.  N’étant pas en course, chacun décide de son programme ou du moins l’adapte selon ses impératifs qui vont du pataras à changer, à l’équipier fraichement arrive qui attend son bagage à l’aéroport, à Thalassanté, euh ! visite du mat le matin par Yves, beaucoup d’internet pour Claire qui de 6h à 12 heures travaille avec Thérèse via Skype, dernier rangements du bord pour Anthony et Véronique qui ont managé l’avitaillement, et Gilbert qui envoie surement a sa blonde les derniers mails. Enfin, douche! La dernière avant pas mal de jours. Ce n’est pas une simple douche, c’est un havre de douceur et de soin de soi. L’eau douce qui coule de façon généreuse, cela va relever de l’ordre du souvenir.  Le prochain lavage de cheveux se fera à l’eau de mer avec ½ litre d’eau douce pour le rinçage final.

Je me dirige vers la capitainerie de la marina. Notre capitaine de port n’est pas la. Adorable femme qui me fait constater que c’est la première fois que je vois une capitaine femme. Ah ! Les Azores, un autre monde. Je remercie l’équipe de la Marina qui a le souci de me demander si nous reviendrons. Bien sur, en tout cas c’est un fort souhait, celui de prendre le temps un jour d’aller d’îles en îles. Ces îles volcaniques sont vraiment inédites et je remercie Antoine, ami de longue date d’Alexandra, açoriens depuis 30 ans, qui a été toujours là, disponible pour notre équipage et qui a permis que notre escale soit plus douce.

Je reviens au bateau, sachant que tout le monde m’attend, mais bon, Yves en profite pour faire une sieste, Antoine arrive pour l’adieu et les photos. Le pont est propre, le pont est range, le pont est un pont de départ. La tension monte un peu à bord. Quelques petits énervements permettent de déceler que quelque chose de spécial se prépare. Le largage des amarres, la sortie d’un port, c’est toujours un peu pareil.  Que ce soit pour une sortie à la journée ou pour une transatlantique, rien ne diffère vue de l’extérieur. C’est juste dans son dedans, dans ses tripes, que chacun a sa façon prend conscience que c’est le départ d’un grand périple.