Tout le bord dort

Nous sommes sous grand voile haute et solent, nous balançant tranquillement à 70° du vent par 9 nœuds de vent réel. Le bateau prends un peu plus de gîte, le souffle du vent se fait entendre et passe par dessus le bruit de l’eau le long de la coque.sous toi, mes amis, je vous souhaite bonne nuit.

Je sors jeter un oeil sur le large nuage noir devant nous. La lune éclaire bien l’horizon par derrière lui, marquant ainsi nettement sa base. Il est 3 heures du matin heure locale, donc heure TU, cad, temps universel. J’attends un peu. 15 noeuds de vent, attendez, je remonte, 17 noeuds, le nuage est presque entièrement passé sous le vent du bateau. Un grain devant l’étrave, c’est toujours l’occasion de faire des paris. La gîte s’accentue, j’ai parié qu’il passerai sous notre vent, mais … je remonte dans le cockpit …  ni le nuage ni le bateau ne vont bien vite. En douceur, nous nous faisons la politesse, je vous en prie, passez devant mon cher ! Tout cela pour vous dire que la terre approche, que demain sera un autre monde à bord, le monde du marin qui se prépare, se projette, imagine l’escale, quittant progressivement son statut de simple occupant du temps qui passe.. je remonte… OH surprise de beauté, la lune éclaire le haut du nuage qui s’est aplati, enflammant tel le soleil les franges de nuage. Jeux de lumières, … je remonte … tout a changé, sous le vent, tout est noir, dans l’axe du bateau, la lune joue avec la queue du nuage et sur tribord, tout le ciel est clair, limpide, heureux. Toujours 17 noeuds de vent, les Açores se rapprochent et si tout va bien, souhaitons le, le jour se lèvera sur ces îles dont la notoriété dépassent toutes les autres dans notre hémisphère, notoriété du à son célèbre anticyclone. Dernières impressions pour cette huitième nuit de mer. 1099 milles à cet instant.. Je remonte … la lune s’est dévoilée … astre toujours changeant, te voici en forme d’oeuf un peu aplati, brillante resplendissante…