Bonjour Léonie et bonjour à ton entourage.
Alors, tu me demandes si ce n’est pas trop fatiguant de n’être que trois à bord ?
Et bien, il est sur que la navigation entre Marseille et La Rochelle où nous étions trois a été plus fatigante que celle effectuée depuis La Rochelle où nous sommes cinq.
Mais tout est une question de prise de rythme et pour cela il faut du temps. Donc, même à trois, au fur et à mesure que nous avancions, nous étions de moins en moins fatigués. D’ailleurs nous sommes arrivées Yves, Julien et moi en pleine forme à la Rochelle alors que nous avions du mauvais temps. D’autres facteurs vont influencer la fatigue et notamment la température. Le froid est un grand consommateur d’énergie et je te parle de cela à l’heure où nous allons vers le froid dans les prochains jours. A suivre …
Léonie, tu me demandes si cela m’embête d’être la seule femme à bord ?
Et bien, je te réponds que j’apprécie beaucoup d’avoir la présence d’une autre femme à bord depuis La Rochelle. En effet, nous avons embarqué Annabel pour La Rochelle les Açores alors que nous ne la connaissions pas du tout auparavant. Sa présence a été très agréable à bord. Il est vrai que nous avons beaucoup de réactions communes et que
cela m’a apporté un grand soutien. Annabel est repartie en France pour intégrer un stage professionnel. C’est alors Véronique que nous avons embarqué aux Açores et là encore, j’étais tout particulièrement contente qu’une autre femme soit à bord. Je ne la connaissais pas non plus auparavant et quand nous avons discuté à propos de son embarquement avec nous, elle aussi m’a exprimé le fait qu’elle apprécierait bien le fait de ne pas être seule femme à bord (elle étais avec deux hommes sur un bateau pendant « la Rochelle Les Acores »). Ceci dit, j’ai traversé plusieurs fois l’Atlantique avec des hommes, de plus en tant que skipper, et jamais le fait d’avoir été seule ne m’avait dérangé jusque là.
Vous avez le mal de mer ?
Non, mais je l’ai déjà eu dans des conditions de grandes fatigues et de périodes stressantes mais cela passait rapidement.
Vous êtes plus souvent près des côtes ou au large ?
Léonie, j’ai le plus grand plaisir de naviguer au large depuis que nous sommes sorties de la Méditerranée. Au moment où je t’écris, cela fait huit jours que nous n’avons pas vus la terre. Dès que je pars en mer, le moment que j’attends le plus est celui où je vois l’horizon sur 360°.
Vous n’êtes pas trop impressionnés par l’océan quand vous êtes au large ?
Chère Léonie, ta question sous entend plusieurs sens pour mon écoute. Je pense que tu me demandes si je suis impressionnée dans le sens un peu déroutée, perdue, voire un peu inquiète. Cela peut arriver par moment, mais pas n’importe quand. C’est surtout quand il y a une variation importante d’un facteur soit climatique soit venant du
bateau. Par exemple, une brutale montée de la force du vent alors que je dors et que ne m’y attendais pas. Je me rappelle il y a plusieurs années, lors d’un convoyage entre les Iles des Bermudes et celles des Açores, nous avions eu de gros soucis avec une très grosse mer, des vagues de plus de 15 mètres. Tout allait un peu mieux quand d’un coup, la température est devenue glacée et le ciel et la mer sont devenu tout noir, plus de lumière d’un coup. Là, j’ai le souvenir d’avoir vraiment été impressionnée par ce brusque changement. Je me rappelle même avoir pensé à quelque chose comme la fin du monde. Cela ne dure pas longtemps, mais c’est très fort et on s’en souvient longtemps. En fait, c’était juste l’arrivée d’un front froid, donc un changement brutal de direction de vent, de couverture nuageuse, etc… Mais le désordre qui résultait de nos précédents soucis ne nous avait pas permis d’aborder sereinement ce changement brutal. Un autre sens que je donne à ta question est, est ce que tu es impressionnée par l’océan quand je suis au large, dans le sens marquée, imbibée, impressionnée comme on imprime une page avec de l’encre qui reste sur la page. Alors, oui, l’océan m’impressionne en quasi permanence. Dès que je regarde la mer, l’horizon, la vague, le ciel, le nuage, j’ai conscience d’être là et d’enregistrer tout cela dans moi. C’est presque parfois comme si je n’étais pas séparée de l’océan mais dedans. Cela est du aux mouvements du bateau qui épouse sans arrêt les formes de la mer. On a « l’impression » d’être dans l’océan, que la coque du bateau est comme la carapace de la tortue. On a aussi cette « impression » quand on dort ou que l’on est comme en ce moment dans l’habitacle du bateau, sans pouvoir regarder la mer avec ses yeux. On la regarde avec tout le corps et toutes ces sensations s’impriment dans nous, comme une nourriture. Je crois que c’est ce que j’aime dans le bateau, avoir cette impression d’être dans et non pas au dessus. Ce sont les mouvements qui donnent cette « impression ». Bon, j’en arrête car je crois que je me répète, mais je te remercie de cette belle question qui me permet d’exprimer cette impression.
Quand à ta demande si j’ai rencontré des écoles ?
J’ai répondu à Kenza et à Tiffany aussi pour ce qui concerne les détails. Plus globalement, je sais que les choses vont se mettre en place doucement, je vais dire, à leur rythme. Nous n’avons pour cette année qu’un objectif de prise de contact avec des écoles, des enseignants, des élèves et voir progressivement avec eux ce qui va se mettre en place spontanément, c’est à dire sans directive précise. Pour l’instant, il y a donc les contacts pris, que ce soit directement avec les classes ou groupe de jeunes comme à La Rochelle et plus intensément à Tanger. Mais ce que je n’ai pas expliquée à tes collègues de classe, c’est que notre partenaire à Barcelone, le Centre El Far à monté une Fondation pour l’Education à partir de la mer et que nous regardons quels croisements nous pourrions faire ensemble. Cette Fondation a put acheter le bateau d’un fabuleux marin, Hélène Mac Arthur, un voilier de la même taille que « Thalassanté » mais version beaucoup plus course. Si nous montons un projet avec plusieurs bateaux, celui pourrait en faire partie. Mais puisque c’est la troisième fois que vous me posez cette question, cela me pousse à prendre contact avec Maria, professeur d’école comme Karine mais à Chypre. Elle fait partie d’une association de sensibilisation à l’environnement, CYMEPA, avec laquelle nous avons commencé nos premiers pas ensemble il y a plus de 7 ans. De plus Maria a fait partie des participants à une rencontre d’adultes que « Thalassanté » a organisé en 2007 et qui s’intitulait « L’Europe et la Méditerranée naviguent ensemble ». Maria est partante dans le cadre de son travail à collaborer avec nous. Nous allons prendre de ses nouvelles. Tu pourras suivre avec les collègues l’avancée de ces liens en allant sur le site. Mais je sais qu’en ce moment, l’Estaque et particulièrement vous êtes en préparation du Festival de l’Estaque et que vous travaillez dur votre pièce de théâtre avec Frank de
l’association l’Informel.
Je pense bien à vous tous. Tout l’équipage vous encourage et vous salue.