Avis de recherche

Après une nuit dans une brume épaisse, nous voici à nouveau avec un horizon acceptable, mais plus d’oiseaux.

Plus un seul oiseau. Alors qu’hier encore, nous étions stupéfaits de voir plus de trente oiseaux (les noirs et blancs) posé sur l’eau sur notre tribord, que sans discontinuer, ces virtuoses de la navigation aérienne faisaient partie de notre environnement quotidine depuis ds jours, ce matin au lever du rideau de brume, plus rien; y a t il une explication , Sommes nous sortis d’une zone d’influence ? Les avons nous véxé ?

Description des oiseaux par des néophytes :

  1. Couleur noire: Enverdure 60 cm. Les ailes sont blanches avec une bordure foncée sur le pourtour. Forme très aérodynamqiue. Bec rond et moyennement long et collier blanc sur le jabot se rétrecissant sur le dessus. Petite queue étroite avec sur le dessus une ligne blanche. Rasent l’eau, accélèrent dans les vagues.
  2. Couleur marron: Envergure 80 cm. Portée importante des ailes. Echancrure nette sur la face arrière de chaque aile. Ne rasent pas l’eau, vol majestueux, élégant, calme.

Où sont ils ? Reviendront ils ?

Claire

Tous à la plage

Le vent de sud ouest est arrivé. La mer du vent sans le vent s’est évanouie et nous en sommes tous soulagés.

On mesure à quel point se faire secouer est éprouvant pour notre système nerveux. Mais que faire sinon attendre que cela passe.

Nous sommes plutôt contents de nos options de cap, même si ces nombreuses heures à être brin balloté quasiment sur place nous ont un peu comme sonné, abasourdi, bref, un peu déglingué. Nous avons surtout dormi et beaucoup rêvé.

On est tellement bien maintenant, le bateau glisse harmonieusement sur cette mer tranquille. C’est la renaissance pour chacun de nous. Et premier, réflexe, aller à la plage arrière. La salle de bain a été inaugurée pour cette transat il y a plusieurs jours. J’avais prévu la veille et annoncé : demain je vais à la plage. Le lendemain, le thermomètre indiquait 26°C. Vrai pour vrai. Et aujourd’hui, avec une eau à 19°, on est tous passé au grand nettoyage. Hum, que c’est bon. Quand aux nouvelles des ablutions de ces messieurs, je peux vous dire qu’il y en a un seul qui se rase et que les deux autres tentent la barbe.

Bon, pour l’heure le spectacle est dans la cuisine : faut-il un, deux ou trois cubes de bouillon de volaille pour le potage aux lentilles ? La notice du bouillon est lue et relue jusqu’à maîtrise totale de l’opération. C’est que Louis nous a avoué que sa seule inquiétude pour son embarquement était toute concentrée dans les opérations culinaires à affronter. Après avoir suprêmement réussi ses lasagnes, il ne veut pas être désavoué pour son potage « les lentilles du monastère ». Alors suivre au plus près la recette, imprimée par les bons soins de Carole, est gage du meilleur résultat. Et ce sont des plats que Louis a déjà mangé chez lui. Décidément, ce bateau est vraiment fait pour poursuivre nos émissions de cuisine. Mais comment vous les faire parvenir en image ? Louis recommence la lecture de la recette. Jean Marc est au rapage de carottes. Nous avons encore de bons légumes frais du marché local de Halifax. Choux, carottes, pommes de terre, pommes, concombres, oignons et courgettes.

Le bateau glisse à 8 noeuds, cap vers le levant, il fait nuit, l’atmosphère est douce, nous sommes assez bien positionné entre la dépression et l’anticyclone, pas un seul cargo depuis plusieurs jours, et de nombreux oiseaux qui nous accompagnent … !

Clair

10ème jour

Jour ensoleillé, marins ensommeillés, la vie est au milieu de l’Atlantique. Etre au milieu de l’Atlantique ou ne pas être. Cela pourrait être une question, si celle-ci avait l’occasion de se poser plus souvent. On sent bien que le « milieu » est important. On le dit, on l’écrit et on le chante. Sur la carte, on peut lire « Dorsale médio-atlantique ».

Et puis, on peut y découvrir des dômes : Dôme Olympus à 1730 mètres, Mont de l’Altair à 910 mètres seulement, et Mont Antialtair de l’autre côté de la dorsale.

La température de l’eau s’est stabilisée. La ligne de déclinaison magnétique est parallèle à la dorsale pour une valeur de 17°West en 1985 et depuis ce temps elle varie de 10’dans l’Est par an. C’est pour cela que l’humeur est à la chanson aujourd’hui sans bien comprendre pourquoi.

Et puis, il y a les mystères de cette nuit. Sous un ciel étoilé, mais complètement plein d’étoiles, avec une voie lactée qui nous éclaire comme un voile lumineux, deux fois de suite, tout le ciel s’est éteint, laissant seulement quelques coins ténus d’étoiles. Et hops, d’un coup, tout le monde est revenu. Pas de nuages, ce n’était pas une couverture nuageuse qui arrive et qui repars, non, d’un coup, comme un voile qui se créé et se dissipe sur place. Tiens, comme une lampe montée sur un variateur. Bon, le milieu de l’Atlantique porte aux interrogations. Les nuits sont parfois étranges, où rien n’est vraiment habituel. Même les dauphins ne ressemblaient pas à des dauphins, il y en a eu seulement deux, se présentant comme des torpilles éclairées, mais menant des trajectoires plus anguleuses que des dauphins, ne remontant pour respirer. Etait ce des requins ? Encore une question sans réponse.
Et puis, l’un des deux ou trois petits oiseaux noirs qui nous suivent la nuit, commençant depuis deux nuits à être un peu plus familier en survolant le cockpit, est venu effleurer mon nez, se poser sur la capote, tout cela en un instant si court, que l’on peut se demander si c’était vrai.

Ce matin, tout est tranquille, Louis et Yves discutent dans le cockpit construction de prame, Jean Marc bouquine et on commence à parler à l’intérieur du bateau et pour la 1ère fois projet pour 2009. Vous avez dit projets ? Non, on a juste vu que oui, on parlera projet.

Le bateau avance avec moins de vent et une mer toujours formée. Concluez que nous sommes secoués, et que pointons l’étrave vers le nord, histoire de stabiliser le bateau et d’aller chercher le vent;

Salut amical de l’équipage du milieu de l’Atlantique.

Claire

Mer de vagues

Bleues et blanches, c’est exaltant. 30/35 noeuds de vent, de quoi tout d’abord respirer.

Depuis hier en fin d’après midi, le baromètre qui descendait, tellement il s’était perché haut à plus de 1030 hPa , était annonciateur de vent. Et le voilà donc, passant sur nous, et créant avec lui des milliers de vagues bleues marines et blanches sur toute son étendue. Et hops, l’arrière du bateau se soulève, avec lui les trois corps endormis dans les bannettes, et celle qui vous écrit sur son mini portable qu’elle protège des embruns, assise dans la descente, le regard allant de la mer à l’écran. Nous ne faisons pas de prouesses en vitesse. C’est à priori un peu décevant avec ce bon vent, mais notre cap très portant nous incite plus à la tranquillité qu’à la chevauchée fantastique des bords de travers. Le pilote barre bien sans nous, je dirais même mieux sans nous. Les variations de la force du vent se déroulent à leur rythme sans nous affecter : c’est vraiment le rythme de croisière. Quelques oiseaux, nous font des démonstrations de planning et virevoltes infatigables. Pas un nuage. Les voilà, ces moments bénis sur l’eau, ceux qui s’encrent comme les pages d’un livre pour notre vie. Une transat reste quelque chose d’exceptionnel. Nous sommes au 8ème jour. La chose la plus étonnante est d’être toujours dans ce mouvement, si turbulent que chaque geste en est conditionné. Avec ce vent et ces vagues portantes, on se fait bercer inlassablement. Allongés dans sa bannette, le corps détendu est roulé d’un côté à l’autre, massé, même à l’intérieur. Tous les organes sont remués au rythme des vagues. Louis se lève. Oui, ce matin, il y avait la même mer pendant son quart. Il a filmé les vagues mais a été déçu du résultat. ET oui, aucun caméraman n’a jamais été satisfait du résultat, il faut y être, c’est tout. Il me raconte la vague qui est venue se splatcher sur le tableau arrière, qui est montée, montée pour retomber sur lui. Humide pensée de Louis pendant que Jean Marc et Yves sont encore dans l’autre monde. Cet équipage, à son huitième jour de fonctionnement fonctionne très bien. Léger, gai, les conversations sont aussi bien techniques que blagueuses, les expressions de langage et les histoires drôles étant souvent là. Les repas du soir sont mis à la mode de Gapsé. Potage et restes de midi. Mais le midi, la discussion se passe autour de la cuisine. Les recettes sont assez collectives. Est ce que tu mettrais de l’origan, du gingembre, et des raisins secs ? A la nuit tombée, les discussions commencent à poindre dans la pénombre du carré. A bord, le seul élément lunatique est la température de l’eau. Comment nous disait Odette, le bord est heureux comme un Labrador dans sa boîte de pickup.

Claire.

Le temps

Le marin prend le temps qu’il fait et doit avancer avec. Cependant, une marche de manœuvre lui est donnée en choisissant son cap en fonction des informations météo qu’il peut recevoir à son bord.

La première information est le système de nuages, la température de l’eau, de l’air, leurs variations. Le premier instrument est le baromètre. Noté très régulièrement sur le livre de bord, c’est lui qui est le pouls de notre navigation. Actuellement à 1030,8, sa tendance à la baisse nous montre qu’en faisant une route plutôt nord, on s’éloigne du centre de l’anticyclone. Mais le mieux est de recevoir des cartes météo. Et là, les américains offrent un service incroyable, les fichiers Grib. Je me souviens de la reconnaissance de Julien pour ce pays qui est capable d’offrir gratuitement ce service pour cause de sécurité. Et il est vraiment gratuit car aucune publicité ne nous apparaît au centre de l’anticyclone ni à aucun endroit de ces fameux fichiers. Il faut tout de même être équipé à bord d’un système permettant de recevoir ces données par la radio ou un téléphone, donc satellitaire. A bord, nous utilisons la radio BLU, (bande latérale unique) pour établir notre commande : on sélectionne l’étendue pour laquelle on veut le renseignement, sur combien de jours on veut une prévision et ce que l’on demande, soit, vent, pressions, mais aussi courant. Les fichiers ne doivent pas être trop « lourds » sous peine que le système radio ne nous les transmette pas. Nicolas qui pourra nous en dire un peu plus, notamment que veut dire GRIB et la façon dont les informations sont collectées et qui les utilisent. Une fois la demande envoyée par mail via la BLU, moins d’une heure plus tard, on reçoit le fichier que l’on vient superposer sur la carte du logiciel Maxsea et on commence à faire défiler le temps comme si on avait subitement un quelconque pouvoir sur lui. Mais, on n’est pas dupe, cela ne change rien au temps que l’on a. Par contre, la situation actuelle nous confirme qu’il faut pointer Nord pour échapper à l’anticyclone. C’est la difficulté de cette route retour, échappé aux calmes des hautes pressions. Et puis, il y a les pilots charts. Ce sont des cartes établies mois par mois
donnant les statistiques sur les vents, courants, pourcentage de calmes, tout cela par zone; ces cartes donnent d’autres indications, comme les lignes de déclinaisons magnétiques et les routes de cargos. Et puis, il y a le super service « Nicolas », qui nous conseille avec ses connaissances et son accès aux cartes météo sans limitation de poids de fichiers. C’est un service très agréable, sachant ainsi qu’un ange gardien nous surveille de loin, et au cas où …

Claire

Quart magique

Pas encore habillée pour le quart de 3H 6H, je sors dans le cockpit, et avant le systématique coup d’oeil sur 360°, histoire de vérifier que nous sommes seuls dans notre domaine. La lune capte mon regard tellement sa blancheur est éclatante entre des nuages aussi blancs. Et tout aussitôt, une lumière tombe sous le génois léger, magique, genre poussière d’étoile. Elle paraît à portée de main, avec une intensité lumineuse suffisante pour pénétrer à fond les pupilles de mes yeux écarquillés. Ensuite, ce n’est que bonheur. Les dauphins me rendent visite très régulièrement. La lune me permet de les voir, mais sans aspect fluorescent. Il faut les discerner de
l’écume des vagues quand ils arrivent sur l’arrière du bateau. Alors, je les suis en partant à l’avant du bateau et m’installe confortablement sur la planchette fixée au balcon avant.

Je peut alors tout admirer. Le mat, la voile à la forme d’aile d’ange, sur fond de ciel étoilé.

Sur la gauche, la lune baigne dans un tapis de nuages qui me font penser à de nouveaux continents, bien délimités, où les étoiles sont comme les lumières des villes. Les dauphins sont là, partent, reviennent, à leur guise car qui pourrait les contraindre. D’un coup, je vois un truc noir qui tombe derrière le génois léger. Cherchant ce qui aurait bien put tomber du mat, pensant qu’il faudra monter demain dans le mat, je réalise que c’est le petit oiseau pailleur qui virevolte sans plan précis de navigation, à l’inverse des oiseaux planants. Celui va dans tous les sens, agitant frénétiquement ses ailes, toujours aussi noir et ne faisant irruption que la nuit. Le vent tourne un peu, je pense à empanner. J’hésite sachant que toute manœuvre réveille Yves mais après quelques hésitations, je pense que c’est le bon moment. Je réveille Yves tout de suite et ainsi nous enroulons le génois léger afin de l’établir sur l’autre bord. Je suis contente de lui montrer cette nuit merveilleuse. Mais d’un coup, le vent semble avoir forcit. Le speedomètre, celui qui mesure la vitesse du vent, indique effectivement 8 noeuds de plus. Nous installons le génois lourd et vogue la barque.

Claire.

Les lasagnes de Louis

Louis n’est pas un adepte des fourneaux. Les verres mesureurs sont plus pour le dosage des ingrédients de l’époxy que pour la farine. Mais les ressemblances sont là. Carole, l’utilisatrice des dits fourneaux dans sa maison lui a imprimé quelques recettes. Nous voici parti pour un Chili végétarien. Grand habitué des notices, il lit la recette où il faut commencer à s’adapter à notre cambuse. Remplacer le tofu par du poulet, les fèves par des haricots et mais Louis lit la notice des haricots rouges, et le trempage de 12 heures nous fait changer de recettes.

Nous voici parti pour des lasagnes au saumon. On ré-ouvre le plancher, en retire du saumon et du thon en « can », la crème de céleri est remplacée par une « can » de soupe de brocoli non dilué qui va faire l’affaire. Farine, oignon, beurre, sel, origan, tout y est, c’est parti avec le roulis. Louis est étonnant, manipule tous les instruments d’une main de maître. On le regardant et en le filmant avec l’appareil photo, je mesure le nombre de manipulations qu’impose ce si petit espace qui ne fait que basculer d’un bord sur l’autre. Les lasagnes sont délicieuses, Louis a fait des prouesses, avec « by the book », rien d’impossible.

Nous finirons ce repas avec le gateau au chocolat de Germaine et Anthony, un moelleux fondant terrible.

Mais, il s’agit de parler d’autre chose que nourriture, bien que finalement, en mer, ce soit essentiellement reconnue comme l’activité centrale du bord. La seconde étant la navigation, je m’en vais consulter Monsieur Grib et ses isobares.

Claire.

De quart au radar

6 heures du matin, heure du bord. Le brouillard s’est à nouveau répandu sur la mer, humide, pénétrant et aveuglant surtout. Bien que je ne puisse m’empêcher d’aller jeter un coup d’oeil sur le pont, mes yeux scrutent le radar avec minutie. N’ayant pas de grande pratique de cet instrument en haute mer, je me suis amusée les derniers jours à observer à l’écran les bateaux que l’on voyait à l’oeil nu. Un énorme pétrolier à proximité de nous ne se montrait pas sur l’écran à l’échelle 24 milles ni 12 milles.

Je retourne dehors et admire le paysage. En équilibre les deux pieds sur chaque banc du cockpit, je me laisse aller sur la mer. Tiens, des oiseaux, plutôt des « voiliers » comme on les appelle, se sont posés sur l’eau. Ils sont trois avec leur tour du cou blanc.

La mer chaotique des bancs de terre-neuve a l’air de laisser place à une forte houle .. un oeil attentif sur le radar … je remonte sur le pont …. et là, je respire à nouveau cet ambiance mystérieuse … je joue d’une jambe sur l’autre à « passer » les vagues et le temps passe hors du temps mais hops, au radar …. et voilà à quoi ressemble ce quart, avec, cet ordinateur ouvert sur la table à carte pour vous écrire. Nous quittons le sud des bancs de terre-neuve, qui se nomme, la queue du grand banc. L’eau est à 11 degrés, l’air à 17, et l’heure n’est pas encore au bain sur la plage arrière. A mon réveil, avec Yves, nous évoquions avec plaisir le souvenir de la flottille, notamment des quelques bateaux avec lesquels nous avions le plus de liens …. je remonte sur le pont …. avant cela, le radar …. dans deux heures je réveillerai Jean Marc et Louis et la question du jour sera : que mangeons nous à midi après cet excellent coucous d’hier initié par Jean Marc, il faut trouver une inspiration. Louis se réveille et constate l’ambiance brumeuse. « On va faire avec » est bien agréable. Pas de rallerie sur le temps, sur rien d’autre d’ailleurs, nos compagnons sont de Gaspé, vous vous souvenez, l’endroit du monde où, quand il n’y a pas de problèmes, on n’en invente pas et quand il y a des problèmes, on trouve les solutions.

Claire

C’est parti pour l’Atlantique

Quelques préparatifs, un très amical au revoir à Dominique et André … puis visite de notre amie d’Halifax qui nous apporte miraculeusement de l’ail frais …
un peu de tension en mayonnaise avant le départ, mais non, plus vraiment, juste pour se rappeler …

La vie devient plus cool à bord, Yves aimerais bien me voir décrocher de l’ordi, et je mets rapidement quelques photos sur le site pendant que Jean Marc, Louis et Yves installent les couchettes cadres du carré. Nous installons seulement les deux bannettes centrales. En face sont arrimés voiles, bobine de cordage, et life jacket. « Salina 2 », un des catamarans de la Grande Traversée de l’Atlantique est au mouillage. L’équipage nous rend visite et quelques heures plus tard, nous quittons notre quai pour … le quai de la pompe à fuel.

Le plein de fuel fait, les douanes sont averties de notre départ, on peut y aller. Il fait bientôt nuit noir, le temps est couvert. Et bien, on y va tout de même.

Au revoir Halifax et surtout au revoir Canada. Une nouvelle page se tourne, nous ne savons pas bien vers quel programme nous allons, mais c’est sur, nous mettons cap à l’Est, 78° cap fond et 98°, cap compas. Nous quittons la baie profonde d’Halifax. Bientôt la pluie est de retour, il faut bien verser quelques larmes en quittant tous ces amis, tous ces visages souriants, accueillants, aimants, … comme des aimants. Et pluie, pluie et repluie, peu de vent, une nuit où le rythme n’est pas encore pris, on a sommeil, on peine à l’oeuvre, celle de faire avancer le bateau par un vent très changeant, très faible, et … après le lever du jour, le vent se lève. On l’attendait, le baromètre n’ayant cessé de chuter toute la nuit. Mais il se stabilise, et pour la droite de hauteur du matin, le soleil est là. Le vent monte encore, cherche sa direction et finit par s’établir à 28/30 noeuds. La mer est belle, le bateau danse, nous sommes travers au vent et l’équipage apprécie tout en continuant à s’adapter, notamment pour les deux nouveaux embarqués.

Le baromètre remonte doucement, mais le vent est toujours là. Bientôt nous laisserons à bâbord l’Iles des Sables où, il paraît, des chevaux sauvages ont colonisé l’île. En effet, celle ci est entourée de coques de bateaux naufragés et les chevaux jadis embarqués y ont prospéré. Ce fut sûrement une rare colonisation pacifique celle ci !