De quart au radar

6 heures du matin, heure du bord. Le brouillard s’est à nouveau répandu sur la mer, humide, pénétrant et aveuglant surtout. Bien que je ne puisse m’empêcher d’aller jeter un coup d’oeil sur le pont, mes yeux scrutent le radar avec minutie. N’ayant pas de grande pratique de cet instrument en haute mer, je me suis amusée les derniers jours à observer à l’écran les bateaux que l’on voyait à l’oeil nu. Un énorme pétrolier à proximité de nous ne se montrait pas sur l’écran à l’échelle 24 milles ni 12 milles.

Je retourne dehors et admire le paysage. En équilibre les deux pieds sur chaque banc du cockpit, je me laisse aller sur la mer. Tiens, des oiseaux, plutôt des « voiliers » comme on les appelle, se sont posés sur l’eau. Ils sont trois avec leur tour du cou blanc.

La mer chaotique des bancs de terre-neuve a l’air de laisser place à une forte houle .. un oeil attentif sur le radar … je remonte sur le pont …. et là, je respire à nouveau cet ambiance mystérieuse … je joue d’une jambe sur l’autre à « passer » les vagues et le temps passe hors du temps mais hops, au radar …. et voilà à quoi ressemble ce quart, avec, cet ordinateur ouvert sur la table à carte pour vous écrire. Nous quittons le sud des bancs de terre-neuve, qui se nomme, la queue du grand banc. L’eau est à 11 degrés, l’air à 17, et l’heure n’est pas encore au bain sur la plage arrière. A mon réveil, avec Yves, nous évoquions avec plaisir le souvenir de la flottille, notamment des quelques bateaux avec lesquels nous avions le plus de liens …. je remonte sur le pont …. avant cela, le radar …. dans deux heures je réveillerai Jean Marc et Louis et la question du jour sera : que mangeons nous à midi après cet excellent coucous d’hier initié par Jean Marc, il faut trouver une inspiration. Louis se réveille et constate l’ambiance brumeuse. « On va faire avec » est bien agréable. Pas de rallerie sur le temps, sur rien d’autre d’ailleurs, nos compagnons sont de Gaspé, vous vous souvenez, l’endroit du monde où, quand il n’y a pas de problèmes, on n’en invente pas et quand il y a des problèmes, on trouve les solutions.

Claire