Je les croyais au port … j’ouvre le site internet … localisation du bateau …  je patiente un peu … je suis dans le conteneur le plus noir, celui sans fenêtre … le temps nécessaire pour que la carte du monde apparaisse …. au premier agrandissement … je comprend que le bateau a bougé.

Ils, donc Yves, Dominique et André arrivent près du détroit de Canso. Ils marchent bon train avec un vent portant tranquille. Et oui, en faisant un clic gauche sur le bateau, les principales indications s’affichent, cela me semble toujours incroyable. Bon, il n’y a pas la température extérieure, mais il est probable que le beau temps soit là.

Je me souviens aussitôt, en provenance des Açores, ce mois de juin 2008, en arrivant au détroit de Canso : grand jour à bord, c’est l’anniversaire d’Anthony.

Mais c’est aussi la première terre que l’on voit depuis deux semaines.

Toute la matinée, je ne mets pas le nez dehors, je ne veux pas voir la terre. Je reste dans la cuisine avec la bonne conscience de préparer un repas de fête pour Anthony, mais, surtout ne rien voire, même par le hublot de la cuisine.

Évidemment, au bout de plusieurs heures, je sors … nous sommes sous spi, il fait beau, clair, le paysage défile tranquillement sous nos yeux. Tout est nouveau, c’est le Canada, mais ce n’est pas encore bien la réalité que je vois. Je veux m’accrocher aux 360 degrés d’horizon libre, je ne veux pas de cette terre, c’est trop tôt. Heureusement les amis sont là, c’est la fête, et je commence à apprécier ce qui se présente à moi à travers leurs yeux. Que c’est dur de quitter la haute mer.