Mer de vagues

Bleues et blanches, c’est exaltant. 30/35 noeuds de vent, de quoi tout d’abord respirer.

Depuis hier en fin d’après midi, le baromètre qui descendait, tellement il s’était perché haut à plus de 1030 hPa , était annonciateur de vent. Et le voilà donc, passant sur nous, et créant avec lui des milliers de vagues bleues marines et blanches sur toute son étendue. Et hops, l’arrière du bateau se soulève, avec lui les trois corps endormis dans les bannettes, et celle qui vous écrit sur son mini portable qu’elle protège des embruns, assise dans la descente, le regard allant de la mer à l’écran. Nous ne faisons pas de prouesses en vitesse. C’est à priori un peu décevant avec ce bon vent, mais notre cap très portant nous incite plus à la tranquillité qu’à la chevauchée fantastique des bords de travers. Le pilote barre bien sans nous, je dirais même mieux sans nous. Les variations de la force du vent se déroulent à leur rythme sans nous affecter : c’est vraiment le rythme de croisière. Quelques oiseaux, nous font des démonstrations de planning et virevoltes infatigables. Pas un nuage. Les voilà, ces moments bénis sur l’eau, ceux qui s’encrent comme les pages d’un livre pour notre vie. Une transat reste quelque chose d’exceptionnel. Nous sommes au 8ème jour. La chose la plus étonnante est d’être toujours dans ce mouvement, si turbulent que chaque geste en est conditionné. Avec ce vent et ces vagues portantes, on se fait bercer inlassablement. Allongés dans sa bannette, le corps détendu est roulé d’un côté à l’autre, massé, même à l’intérieur. Tous les organes sont remués au rythme des vagues. Louis se lève. Oui, ce matin, il y avait la même mer pendant son quart. Il a filmé les vagues mais a été déçu du résultat. ET oui, aucun caméraman n’a jamais été satisfait du résultat, il faut y être, c’est tout. Il me raconte la vague qui est venue se splatcher sur le tableau arrière, qui est montée, montée pour retomber sur lui. Humide pensée de Louis pendant que Jean Marc et Yves sont encore dans l’autre monde. Cet équipage, à son huitième jour de fonctionnement fonctionne très bien. Léger, gai, les conversations sont aussi bien techniques que blagueuses, les expressions de langage et les histoires drôles étant souvent là. Les repas du soir sont mis à la mode de Gapsé. Potage et restes de midi. Mais le midi, la discussion se passe autour de la cuisine. Les recettes sont assez collectives. Est ce que tu mettrais de l’origan, du gingembre, et des raisins secs ? A la nuit tombée, les discussions commencent à poindre dans la pénombre du carré. A bord, le seul élément lunatique est la température de l’eau. Comment nous disait Odette, le bord est heureux comme un Labrador dans sa boîte de pickup.

Claire.