Quart magique

Pas encore habillée pour le quart de 3H 6H, je sors dans le cockpit, et avant le systématique coup d’oeil sur 360°, histoire de vérifier que nous sommes seuls dans notre domaine. La lune capte mon regard tellement sa blancheur est éclatante entre des nuages aussi blancs. Et tout aussitôt, une lumière tombe sous le génois léger, magique, genre poussière d’étoile. Elle paraît à portée de main, avec une intensité lumineuse suffisante pour pénétrer à fond les pupilles de mes yeux écarquillés. Ensuite, ce n’est que bonheur. Les dauphins me rendent visite très régulièrement. La lune me permet de les voir, mais sans aspect fluorescent. Il faut les discerner de
l’écume des vagues quand ils arrivent sur l’arrière du bateau. Alors, je les suis en partant à l’avant du bateau et m’installe confortablement sur la planchette fixée au balcon avant.

Je peut alors tout admirer. Le mat, la voile à la forme d’aile d’ange, sur fond de ciel étoilé.

Sur la gauche, la lune baigne dans un tapis de nuages qui me font penser à de nouveaux continents, bien délimités, où les étoiles sont comme les lumières des villes. Les dauphins sont là, partent, reviennent, à leur guise car qui pourrait les contraindre. D’un coup, je vois un truc noir qui tombe derrière le génois léger. Cherchant ce qui aurait bien put tomber du mat, pensant qu’il faudra monter demain dans le mat, je réalise que c’est le petit oiseau pailleur qui virevolte sans plan précis de navigation, à l’inverse des oiseaux planants. Celui va dans tous les sens, agitant frénétiquement ses ailes, toujours aussi noir et ne faisant irruption que la nuit. Le vent tourne un peu, je pense à empanner. J’hésite sachant que toute manœuvre réveille Yves mais après quelques hésitations, je pense que c’est le bon moment. Je réveille Yves tout de suite et ainsi nous enroulons le génois léger afin de l’établir sur l’autre bord. Je suis contente de lui montrer cette nuit merveilleuse. Mais d’un coup, le vent semble avoir forcit. Le speedomètre, celui qui mesure la vitesse du vent, indique effectivement 8 noeuds de plus. Nous installons le génois lourd et vogue la barque.

Claire.