Mercredi 30 juillet 2008 : Départ de GASPE pour les Iles de la Madeleine
Pour Dominique et André, c’est un grand jour : première navigation sur Thala !
Et pour André, c’est aussi la première nav sur un voilier de plus de 15 mètres !
Arrêt Gazole, puis les « Au revoirs » à Louis et Carole. Et en route vers de nouvelles aventures. Petit temps, grand plaisir de glisser sur l’eau avec si peu de vent. Et puis le vent rentre. La mer est plate, on est au près, et le speedo affiche 11 et parfois 12nds ! Bluffé, les novices ! Puis le vent tombe, et c’est le calme complet dans la nuit. Pauvre Dominique, c’est sur elle que tombe le quart de pétole totale.
Jeudi 31 juillet : En navigation entre GASPE et les Iles de la Madeleine
A trois heures, c’est le tour d’André. Après deux heures d’attentes, un souffle renaît. Première découverte : un bateau qui avance à 3 noeuds par 2,5 noeuds de vent. On savait que ça existait, mais on n’avait pas encore rencontré.
Au petit matin, le vent est revenu.
Le soir, il faut commencer à tirer des bords pour contourner l’archipel par le Sud Ouest.
Vendredi 1er août : Arrivée à Cap Aux Meules, Iles de la Madeleine
Quatre heures du matin, levé du jour : tout l’équipage est à nouveau debout lorsque nous passons l’île de l’Entrée.
Six heures : après 48 h de mer, nous nous amarrons au ponton du port de commerce de Cap aux Meules. Le premier choix n’est pas le bon : nous sommes plaqués par le vent contre le quai et ses pneus moyennement accueillants. Après une manœuvre de haute technicité, Yves nous dégage de là, et nous trouve un amarrage nickel d’où nous sommes chassés deux heures plus tard. Le troisième essai sera le bon, à couple d’un bateau de pêche, avec autorisation du patron des coast guards et du pêcheur.
Après quelques heures de repos, nous voilà sur des vélos pour arpenter l’île.
Samedi 2 août : Iles de la Madeleine, journée vélo
Direction Havre Aubert à 25km. Ballade cool, penseront certains. Eh bien, pas vraiment, avec un vent de 30 à 40 km/h dans le nez. Mais le jeu en valait la chandelle, c’était le jour du concours des petits bateaux : construire en moins de 3h avec l’équivalent de 100 euros maximum de matériaux, une embarcation de toute sorte capable d effectuer un parcours aller à la rame (contre le vent), et retour à la voile.
Ambiance fabuleuse : de 13h à 16h, les équipes s’affairent à la construction, dans des déguisements pas possibles. La palme probablement, à l’équipe Tintin, qui construit en 3 heures l’hydravion de l’Ile mystérieuse avec les deux Dupont, le capitaine Haddock, la Castafiore et Milou !. Mais il y aura aussi : un casier à homard flottant ; un practice de golf ; un radeau fait, par une équipe 100% féminine, de barres de mousse rose.
Intermède sympathique, un pot au feu local pris dans le petit café du coin, avec concert improvisé entre le patron qui est aussi pianiste, et un des clients qui est aussi chanteur d’opéra.
Puis vient la course. Catégorie Performance d’abord. Le vent est fort. Un prao qui avait bien démarré fait du sur place à 10 mètres de la ligne qu’il doit franchir avant de rebrousser chemin à la voile. Face au vent, les rameurs s’épuisent ! La ligne, il ne la franchira pas. D’autres, bien sûr, n’ont même pas passé la ligne de départ.
L’hydravion de Tintin, dans la catégorie « Farfelu » est superbe. Le pilote parvient même à faire tourner l’hélice. De temps en temps, un gros pétard, dans le moteur, simule des ratés spectaculaires, qui finiront pas mettre le feu au nez de l’avion ! Hélas, un flotteur se désarime, et le tout capote.
Tout à nos rigolades, nous faisons connaissance d’une famille de Montreal, Nathalie et André. André, le mari, s’essaie au kite surf et en parle avec enthousiasme. Yves leur propose, comme ça, de passer voir le bateau.
Puis nous reprenons la route avec nos vélos. Route qui, certes, commence par 5 km avec le vent dans le dos, mais qui se termine par un bon petit calvaire avec 30km/h dans le nez.
Des visiteurs pour l’apéritif, un flûtiste de l’orchestre de Montréal et sa femme très intéressés par le bateau.
Dimanche 3 août : Stand by Cap aux Meules, invités à dîner chez Nathalie et André
La météo annonce 40 knts pour demain. On a rendu les vélos. Qu’allons nous faire ? Louer une voiture ? Un scooter ? Que faire à manger? Dominique lorgne vers des homards.
Le sort décide pour nous en nous frappant dans le dos : c’est une tape de Nathalie, rencontrée hier, qui nous implore d’accepter leur invitation à dîner. Ils viendront nous chercher en voiture et nous raccompagneront. Et que va-t-on manger : cassolette de homard et pétoncles ! Où ça ? Dans la superbe maison qu’ils viennent de faire construire au Havre Aubert, face à l’océan, juste à côté de l’école de voile. Dîner délicieux et chaleureux à souhait, avec la présence de Françoise, la mère de Nathalie, 80 ans : un sacré numéro.
André (le mari de Nathalie) nous raccompagne en voiture et comparé au retour de la veille à vélo, nous sommes contraints à louer les mérites des hydrocarbures.
Lundi 4 août : Bien à l’abri à Cap aux Meules (40 knts)
Il y avait un plan Cours de kite surf entre les 2 André. Mais les bourrasques de pluie et les grains portent à la sagesse. Et qu’il fait rester bien à l’abri et au chaud dans le carré de Thala !!!
Mardi 5 août : Départ des Iles de la Madeleine (Cap aux Meules) vers le Détroit de Canso
La météo est de retour à la clémence. Nous larguons le bateau de pêche auquel nous étions amarré depuis 4 jours, cap au sud vers le détroit de Canso.
Une navigation sans problème, travers ou largue, entre 7 et 8 noeuds. Plein vent arrière à la fin, voiles en ciseaux.
Il est 2h du matin quand nous nous amarrons au quai, devant l’écluse fermée du détroit de Canso. Avec 130 nouveaux milles au compteur.
Et 4h du matin lorsque nous nous réamarrons après voir tourné le bateau pour se mettre plus confortablement face au vent.
Mercredi 6 août : De l’écluse du détroit de Canso à Port Hawkesbury
A 11heures du matin, nous émergeons enfin d’un sommeil bien mérité (enfin!) Un claquement des doigts, et les portes de l’écluse pivotent, les barrières de protection se lèvent, et le pont s’ouvre. Pas la peine de hisser les voiles : nous nous arrêtons deux ou trois milles plus loin, à Port Hawkesbury, où nous allons faire quelques courses.
Jeudi 7 août : De Port Hawkesbury à Canso
Yves se lève le premier pour aller chercher la bouteille de gaz chez son grand pote Canadian Tire.
Départ à midi. Des lignes à haute tension nous empêchent d’aller vers le lac du Bras d’Or. Et donc, c’est sous un ciel presque tout bleu que nous louvoyons vers la sortie du canal de Canso. André constate désespérément que Thala se barre tout seul, sans pilote, mieux que lorsqu’il est lui-même à la barre. En particulier au près. Dominique pour sa part se débrouille pour nous faire éviter les grains, et trouve le spot où passer la nuit : le petit port de Canso, tout simplement. Une entrée au soleil couchant, avec quelques alignements et de jolis cailloux à droite et à gauche. Superbe panorama, superbe ambiance.
Yves se débat à la VHF avec les autorités pour pouvoir accoster au quai plus ou moins en ruine. En vain. On nous indique un mouillage à toute épreuve. A peine a-t-on le temps de s’y rendre qu’un petit bateau de pêche s’approche de nous : nous sortons les fusils, prêts à défendre chèrement notre peau contre ces barbares. Mais il s’agit de Steve et Bernice, un couple de pêcheurs au look très baisebège, qui se proposent de nous promener un peu à bord de leur bateau pour découvrir le site !!!
Vendredi 8 août : De Canso à Liscomb Island
Steve et Bernice, nos amis pêcheurs, viennent à bord, avec un sac plastique plein de pattes de crabe, pré-cuites, prêtes à déguster.
Départ 11 heures. Quelques bouées à passer, façon navigation Bretonne. Très vite, on peut envoyer grand voile et solent, et abattre progressivement après avoir contourné le cap.
15 à 25 noeuds de vent, Thala caracole tranquillement entre 9 et 11 noeuds, longeant la côte découpée à souhait.
Les pattes de crabes, pour déjeuner, sont un vrai régal. Yves répare la fixation de la commande de propulseur d’étrave et André se fait des angoisses avec Maxsea en faisant disparaître les cartes et en luttant en vain pendant une demi-heure pour les faire réapparaitre. Heureusement, le Messie redescend dans la cabine et rebranche le lecteur de carte qui s’était malencontreusement déconnecté !!!
Un empannage les doigts dans le nez (le premier pour Dominique et André, pour qui le concept de 60 pieds commence à sérieusement se démystifier), et c’est une entrée plein pot, grand largue, dans les terres, dans la baie derrière l’ile de Liscomb, en toute sécurité, et tellement plus agréable qu’une arrivée au moteur.
Samedi 9 août : De Liscomb Island à Port Mufferin
Méeee, euuuuhhh, où elle est, la terre ? On se réveille au milieu de la bonne brume des grands jours. Et bien sûr, pétole. Pas grave, puisque de toute façon, on a le journal de bord à faire. Alors, pendant que Yves s’active sur la période Saint Laurent jusque Gaspe, Dominique et André se relayent sur Gaspe Halifax. On fait chauffer la BLU à envoyer des mails à droite à gauche, et à 14 heures, après un bain délicieux dans une eau de couleur brune au goût d’écorce de bois, on se dit qu’il faudrait peut-être se bouger. D’autant que la dissipation des brumes matinales s’est amorcée.
Hélas, ça ne suffit pas pour autant à ce qu’Eole s’invite à bord, et après une tentative d’envoyer de la toile, on remballe le tout, et c’est au moteur que se fait l’essentiel de la route. A 16 heures, André proclame fièrement que nous allons jeter l’ancre à 22h34mn06sec (heure GMT), puisque ainsi en a décidé l’ETA de Maxsea. Et effectivement, à 19h32 (heure locale), après un super slalom piloté sous Maxsea entre les îlets, les cailloux, les hauts-fonds et les phoques, Yves actionne le guindeau.
Si c’est pas le paradis, ce coin, alors, c’est où, le paradis ?
Yves