Equinoxe

Ce fut une belle journée d’équinoxe d’automne. Le départ de la marina fut un peu rock and roll …. Pour les manœuvres de port, à deux et par fort vent, suivant la position du bateau, on prend le temps de réfléchir au déroulement de la manœuvre. Moteur, propulseur d’étrave, les aussières sont toujours du plus grand secours. Tu vas faire ceci, moi cela, eu si on met l’aussière là, je fais ça, on change, et le marin de la marina arrive en renfort. C’est bien agréable sauf qu’il ne parle pas le français ni l’anglais.

Il monte à bord, il fait de grands gestes, il connaît bien son boulot, mais on ne peut pas lui expliquer comment on pense faire et évidement, il y a « mistoufle » et on met les gaz à fond, choque, pas assez, pas comme on avait prévu, et nous voilà à couple d’une grosse vedette. Nous sommes bien défendu avec nos pare battages et surtout les siens. Pas de haussements de tons de voix, du bon spectacle pour quelques passants sur le quai, il est grand le bateau dans un port ! Un bateau de manœuvre du port arrive, et c’est parti. On en tire toujours des leçons et on est quitte pour un chandelier qui hoche de la tête.

Dehors, c’est comme on le voulait. Portant, 28 noeuds, enfin, on avance. Pour l’heure de l’équinoxe, vers les 17 heures locale, le vent monte à 33 noeuds. On barre toute la journée tellement c’est ludique de jouer avec les vagues et d’avancer à plus de 11 n&oeuds. On se pose des questions, chose très courante en mer. Pourquoi, avec de si grandes profondeurs comme nous avons en Méditerranée, la mer se lève et redescend plus vite qu’en Atlantique ? Toujours est-il que quelques heures après l’Equinoxe, la mer redescend comme le pain qui prend un courant d’air et donc, le vent tombe. Tombe si bien qu’à 2 heures du matin,

Yves met le cap sur Aguilas où il a repéré des mouillages. A 4 heures du mat, on est mouillé, on cherche à imaginer le paysage. Nous avons progressé de 103 milles sur notre route pour un départ à 13 heures. On est content, surtout que je constate que depuis le 15 septembre, partant de Gibraltar avec pour objectif d’aller au plus vite, nous n’avons avancé que de 225 milles sur notre route. Il nous reste 500 milles pour Marseille, la Méditerranée est vraiment compliquée pour tenir un planning. Mais c’est encore plus compliqué pour nous de ne pas faire de planning !

Après une matinée relax puis bricolage, à chacun sa pompe de relevage des eaux de lavabos à nettoyer, une inspection du moteur, le vent se pointe et portant. Nous quittons notre mouillage non sans avoir observé un bateau qui reçoit des élèves pour la sensibilisation au milieu marin. Petit clin d’oeil sympa, signe de bonne cohabitation, le bateau est amarré sur le quai des pécheurs. Autre clin d’oeil, un voilier en aluminium qui bat pavillon Canadien entre dans la baie; Nous nous lançons un coucou de la main, un sourire et voilà deux routes qui se croisent … On est en mer, la côte défile devant nous à 7 noeuds et nous constatons que ces villes poussent au pied de montagnes désertiques. Partout des constructions, la montagne est creusée pour y adosser des milliers d’appartements. On y imagine l’Europe du nord venant y chercher un soleil trop absent chez eux et encore une fois on se pose des questions !

Claire