35 nœuds de vent pour notre arrivée, après avoir encore passé quelques heures sans vent pour approcher l’ile de Lefkas, nous n’en demandions pas tant. Conclusion, nous sommes comme groggi en mettant le pied à terre. Le passage du pont tournant de l’ile est étroit, vent de travers, la passe étroite, invisible du large, mais il fait encore jour. Mohamed, comme il y a deux ans, est là et est accompagné d’un couple australo-anglais qui nous aide dans la manœuvre délicate…
Après avoir mouillé cul à quai, il faut recommencer la manœuvre pour finalement rester pour la nuit le long du quai à fuel. OUF! je n’aurais pas aimé devoir rester au mouillage, comme prisonnière. Pour cette dernière manœuvre, Peter l’australien monte à bord et je le regarde, presque inerte, faire les gestes adéquats, allant de l’avant à l’arrière, devançant mes faibles initiatives tellement je suis KO. Heureusement Yves fait preuve d’efficacité le temps qu’il faut pour une manœuvre à risque et que, enfin, nous soyons bien amarrés et que je mette pied à terre. Le vent siffle dans tout le quai, le vent montant encore en puissance. On déserte le bateau, moi plus vite qu’Yves. J’adore ce moment de transition radicale, où on oublie le bord pour investir la terre.
Mais pas totalement à terre. On prend d’un coup dans la tronche la mesure de l’effet de ces longues heures hors temps et espace, tellement nous sommes anormalement déconnectés pour une si petite traversée. Franchement, la sensation est étrange tellement les « effets mers » sont disproportionnés en rapport avec l’idéede cette navigation tranquille. On a vraiment dû passer de l’autre côté de la vie habituelle pour être dans un tel état.
Mais, Mohamed Chaabouni, notre ami et partenaire des Routes de la Santé de longue date nous enveloppe de sa gentillesse et nous amène dans ce joli village où les effluves de vacances sont déjà là. Avec lui, sa jeune épouse et une volontaire européenne. Alors, on sort l’anglais, tout en décidant de prendre rendez-vous demain pour les questions associatives. Du Retsina, la salade grecque, Mohamed, des australiens, une volontaire lituanienne, c’est bon, l’expédition Thalassanté commence. Yves est content. Tout va bien. On est au port et le vent est là, gardant l’atmosphère vive et légère.
Claire à Lefkas le 12 juin 2009