Avant hier nous avons une pièce du guindeau qui a cassée en remontant le mouillage. C’est pourquoi nous avons mouillé à l’entrée du Golfe de Corinthe pour attendre ce matin, espérant pouvoir trouver un concessionnaire à Athènes et savoir s’ils avaient une pièce de rechange pour nous. Après un délicieux bain hier (le premier) pour explorer le rivage, nous avons passé une délicieuse soirée autour de la découverte de nouvelle recette avec des algues : dulce et laitue de mer. Ce matin, on joint notre toujours présent Mohamed qui, se trouvant à Athènes, est parti chercher la pièce que le dit concessionnaire avait en stock. Donc direction Patras, ville d’une partie des ancêtres de Yves. Juste avant d’entrer dans le port de commerce où la digue est vraiment la plus basse rencontrée,des gros grains noirs nous tombent dessus avec les volumes d’eau faisant un nettoyage du pont mieux que mieux. Tournant virant pour savoir où accoster, les autorités portuaires sont finalement contactées sur le canal 13, et la place attribuée. Nous sommes en même temps instamment priés de dégager, un ferry pointant son étrave derrière nous. Dommage, on était prêt pour l’accostage.Revenant sur nos pas, on finit par attaquer le quai, Yves à la barre, ma pomme à l’amarre avant et où sont passées nos deux équipières ! Il est vrai que le spectacle est humide et cinglant. La manœuvre se fait nickel et là le vent forcit. Nous sommes juste amarrés. Le vent forcit encore (j’ai une histoire là dessus) et une quinzaine de jeunes algériens qui zonent sur le port nous aident à écarter le bateau du quai pour remettre les pare battages qui ont sautés sur le quai. Merci les gars, salem, oui les grecs ils sont vraiment racistes. Bon, vous savez, les français … Le vent se calme, la pluie s’arrête. Mais, d’un coup, et là, le vent se met à hurler. Plus de 50 noeuds, le bateau est plaqué sur le quai, l’angle de gîte est tel que c’est presque à quatre pattes que je vais à l’avant pour doubler l’amarre. Les jeunes reviennent pour nous aider, mais on ne peut plus rien faire. Le liston du bateau arrive à 5 mm du quai. Rien n’a touché. Les pare battages ont tenu le coup. Et là, on voit le bateau s’écarter du quai, comme pour s’éloigner. La renverse de vent à 180° s’est forcément faite mais on rien vu. Et là, on les avaient oubliées, Delphine et Anaïg sortent du bateau, bien habillées, coiffées impeccablement, avec une idée en tête, allez visiterOlympie. D’un coup, les yeux de tous se lèvent sur elles. Imaginez le décalage ! Nous, les anciens en vrac total, encore sous le coup de gîte du bateau, les deux jeunes toutes fraîches sorties de la cale et tous les algériens en tenues de sans papiers qui passent leur nuit dans un bus qu’ils ont trouvé pour squatter et les découvent telles des déesses descendues d’Olympe. Une foisla surprise passée, sans aucune remarque de personnes, les filles sautent sur le quai. Delphine commence à s’adresser en anglais aux moyens jeunes algériens. « Te fatigue pas Delphine, parle en français , ils sont de chez nous » et oui, Marseille n’est-elle la ville la plus au nord du Magreb ? La conversation s’engage sur le quai, ici, pas de boulot et puis beaucoup de racisme. Delphine confirme, la discussion s’engage. En un éclair, c’est maladif, je repense aux discussions, réunions sur la mobilité des jeunes, le décalage nord sud, l’évolution de la démographie dans ce bassin méditerranéen. Puis, les filles partent et tout revient au calme. La pièce du guindeau arrive au bus de 18H30. Tout va bien. La police arrive. Je suis seule avec le dernier garçon, plus agé que les autres qui s’attardait près du bateau. Un policier arrive, nous demande s’il est avec nous … le garçon dit non lui même. Yves dit qu’ils nous ont aidés à écarter le bateau. Le policier lui fait signe de partir, il cherche encore à échanger quelques mots avec moi. Je lui fait signe d’y aller avant que le policier qui montre un peu d’impatience s’énerve vraiment.
Salut de l’équipage de Patras, le 22 juin 2009.
PS : Mohamed a bien fait partir le dossier pour l’appel à projet « Reconstruire les Ponts entre Israël et la Palestine » dont nous sommes partenaires.