Tartine d’un lundi matin

Cela se passe comme cela en ces moments de vents instables … l’un reveille l’autre.  Soit le bateau marche bien et cela ne va pas durer longtemps, soit il ne marche pas et cela va bientôt venir. Tout est une question de force de vent. Alors, on prend l’exemple du voilier qui avance au cap et à une vitesse de 5 noeuds avec 7 noeuds de vent. Le temps de boire un peu d’eau, regarder le livre de bord, le vent tombe.

La houle commence à faire battre la grand voile. On met une retenue qui bloque la  bôme et  limite les battements qui abîment le matériel à la longue. Mais, la houle est trop forte pour le vent et là, on prend 1 ris, puis 2 ris (on réduit la voile alors qu’il manque de vent, mais là c’est pour la raison ci-dessus énoncée). On enroule aussi la voile d’avant qui rague sur le grément, et on laisse un petit bout de toile, histoire d’attendre. Là, un cargo passe et doit se demander ce que fait ce si beau bateau (le plus beau des voiliers de cette taille bien sûr) avec une voilure de gros temps par si beau temps. Bien sur, le cap a changé,  mais de toute façon, à 1,5 noeuds de vitesse,  c’est pas bien grave. Le tout est de prendre la houle avec le meilleur angle pour ne pas être roulé d’un bord à l’autre ce qui avec un certain rythme, est vraiment pénible pour les nerfs. Alors là on prend un bouquin ou le « cahier » pour commencer à écrire le papier pour le CCRM (Conseil Consultatif Régional de la Mer).

A ce moment, on voit arriver le vent sur un bord, généralement opposé au précédent. On voit le vent, en fait, l’effet vent sur la mer ( ce qui donne l' »effet mer » ah! ah!) la différence de couleur et de texture qui matérialise le vent. On surveille le vent qui va commencer à se faire sentir. Hum ! le vent ! On tatonne, on cherche un cap, il est faible mais on espère. 2, 3 noeuds de vent, ah ah !! encore un peu car la houle empêche le bateau d’utiliser la petite risée. Et le vent monte et là, on y va, on renvoie la toile. Commencer par le génois que l’on déroule, histoire de chercher de quel bord on va stabiliser le bateau, car nous avons tout de même un cap à prendre, donc une destination, en l’occurence, le Péloponèse. Ah ! s’il savait tout ce que l’on fait pour arriver jusqu’à lui, ce Péloponèse là.

Maintenant, il reste à renvoyer les ris de la grand voile et là, eh ! c’est un peu plus dur. Bon, on va pas y passer la journée, on passe en vitesse supérieure, les deux jambes et les deux bras bien motivés. La voile est hissée en totalité, on cherche les réglages, la limite comme toujours, ces limites qui changent toujours, le meilleur cap, car évidemment le vent vient de là où l’on veut aller, donc du Péloponèse.

Si c’est comme cela qu’il nous attire, il lui manque une petite formation de navigation à la voile. Si cela continue, on ira en Crète, nah !

Tout va bien, il reste à ranger ce tas de b… de spaguettis par tous les cordages  manutentionnés, ranger, lover, accrocher la bastaque sous le vent, regarder le réglage des voiles, cela change si vite. Après les rangements, un tour sur la table à carte, et une petite ligne sur le livre de bord. Éventuellement, un tour sur l’ordinateur pour écrire ses mémoires pour on ne sait qui les lira.

Et là, le vent force et maintenant, il va falloir virer car on fait un meilleur cap de l’autre bord. Alors on va préparer le virement, détacher la bastaque sous le vent …. etc etc etc

Pendant ce temps, celui qui dort n’a pas bronché. On a confiance l’un dans l’autre, et l’on sait que si l’un à besoin de l’autre, il va le réveiller.

Voilà pour un lundi matin, la matinée des réunions dans beaucoup de bureaux.

PS : je viens de prendre un ris mais ce coup ci car le vent monte.

Salut matinal le 8 juin Claire