Elle est de taille modeste, entourée d’une belle végétation dans laquelle vivent beaucoup d’oiseaux forts différents et deux alligators. La marina est en bordure d’un parc protégé et dès que l’on en sort, la route coupe un morceau de jungle. Ici, c’est une enclave de navigateurs migrateurs qui ont, soit passé le canal, soit qui vont le passer. Mais quand ? C’est aussi un coin où on laisse les bateaux en sécurité, aucun cyclone ne passant par ici. Nous voici depuis quelques heures à quai et ce sont Roland et son épouse, attirés par notre arrivée, qui montent à bord. Cela tombe bien, j’ai des beignets à la banane prêts( recette banana panama) et chauds et une boisson fraîche. Ils nous racontent, ils repassent en revue leur épopée. Au départ, ils mettent leur bateau à terre pour quelques travaux et tant qu’ils y sont, ayant une bonne confiance dans le mécanicien rencontré, agent d’une grande marque, optent pour le reconditionnement de leur moteur. Un travail de 5 semaines tout au plus … six mois, cela fait six mois que le moteur à quitté les fonds du bateau, vient d’y revenir, enfin, mais ne marche pas correctement. Roland a grandement progressé en mécanique et Alain, notre compère québécois et aussi bon mécano, reste dubitatif. Depuis toutes ces semaines, on les sent soumis à mille épreuves, plutôt à une seule grande épreuve, la patience. Surtout qu’ils ne peuvent même pas partir explorer les alentours car les ingénieurs, mécaniciens, aligneurs, électriciens, viennent sans préavis ou alors bien après l’heure ou le jour du rendez vous. Patience, patience, patience, première qualité d’un marin. Vient ensuite Adaptation et ils ont revu leurs projets, espèrent bien voir le bout du tunnel, repartiront en Suisse … une année de décalage .. bon, on ne va pas les plaindre, c’est pour le plaisir, c’est le voyage, c’est l’aventure, mais bravo pour le caractère … On arpente les quais de la marina, et en deux jours, nous sommes chez nous, après avoir apprivoisé les lieux qui nous permettent de
satisfaire nos besoins. Par ordre d’importance : accès internet, douche, bar, machine à laver, salon climatisé, heures de bus pour aller en ville. L’ambiance est totalement internationale, tenue par des anglophones et espagnols, tous très avenants. On rencontrent des italiens, australiens, anglais, corses, canadiens, et depuis hier, suédois, finlandais, néo zélandais … avec les bateaux de 68 pieds de la Clipper Sea Race. Remettre les pieds sur un monocoque de course est émouvant. J’adore ces aménagements spartiates, fonctionnels, collectifs, avec ces couchettes cadre qui sont si confortables à la mer. Côté menus, heureusement qu’il pêchent, eux ! ils ont trois
sortes de plats : pâtes et boite de conserves, pâtes et boite de conserves, pâtes et boite de conserves. Les boites de conserves changent bien sur tous les trois jours. Les 10 voiliers de cette course d’amateurs sont sur le retour d’un bien grand périple qui les
emmènent maintenant à New York, Halifax avant de rentrer sur l’Europe. A 18 équipiers par bateaux, cela met de l’ambiance au bar comme aux machines à laver. On passe d’un bateau à un autre, découvre un voilier similaire au notre, en découvre les aménagements et leurs sympathiques propriétaires. On dit au revoir à ceux qui partent, parle
technique, îles, coins à éviter, à privilégier. L’un est resté 15 ans dans le Pacifique, parle des Marquises comme le plus bel endroit du monde … on voyage ou plutôt cela commence à vraiment donner envie d’y aller et de peut être, ne pas trop se presser.
Thalassanté à Shelter Bay Marina.