Dernier milles vers Panama

Le vent nous lâche définitivement. C’est donc au moteur que nous parcourrons les 20 milles pour atteindre notre but : le Panama. Il fait encore nuit, mais une nuit de pleine lune. L’odeur de terre est saisissante, voire asphyxiante quand on monte sur le pont. Partout les lumières des grands bateaux au mouillages. L’entrée se fait avec les instruments modernes, le dernier étant la tablette avec logiciel de navigation et position par satellite dans le cockpit. Rien à dire, c’est parfait. Alain ne s’en sépare pas, on commence à comprendre. Nous l’avons bien utilisée pour repérer les étoiles de ces cieux tropicaux. A part les grands classiques que nous retrouvons comme la Grande Ourse, Cassiopée, Croix du signe, Aigle …la polaire bien sûr … ce logiciel permet de découvrir la carte du ciel en orientant juste la tablette vers le coin de ciel choisit. Évidemment, en cliquant sur le nom d’une étoile ou planète, vous avez toutes les informations la concernant. Époustouflant, c’est terrible, désarmant et puis cela devient devient habituel. Donc, nous voici passant les deux grands feux vert et rouge de l’entrée de la baie de la ville de Colon. Yves à la barre, Elisabetta et Alain à la navigation, donc à la tablette posée dans le cockpit. On en oublie même le radar qui nous a si bien servit pour repérer les gros grains de pluie la nuit. L’entrée se fait royalement, sans hésitation aucune. Nous savons à chaque instant où nous sommes, quelle est la bouée, la pointe, …. et puis, c’est la pleine lune, la grande amie des navigateurs pour les atterrissages en pays inconnu. Il y a tout de même beaucoup de lumières de cargos au mouillage. Yves change de cap pour éviter l’énorme drague qu’il vient de repérer, tellement grande et proche que nous ne l’avions pas vu. Celle ci éclaire un projecteur devant elle pour se signaler. Tranquillement, le bateau s’immobilise, cule un peu pour laisser tomber l’ancre et 30 mètres de chaîne. 5 heures 35 minutes. Nous voici mouillé ou à l’ancre comme dise les québécois, à l’heure où le jour se pointe et où la lune est encore là. Bientôt, ce sera le chassé croisé des grands astres. Nous découvrons des grands cargos, petits comme énormes porte conteneurs. Ambiance industrieuse, laborieuse, de ces bateaux contenant tous les ingrédients de notre monde actuel, avec des marins de tous pays et toutes conditions. Fascinants contrastes de nature, d’ingéniosité et de folie humaine.

Panama ! Quelle histoire !

Puis tout s’endort à bord, je reste à déguster cette lune, ces bateaux, pense aux amis, aux parents et à la France, car aujourd’hui nous sommes dimanche 6 mai … Je suis de quart de cuisine. Je sors les pamplemousses de la ferme d’agriculture biologique de St Martin et les dernières mangues, cela fera une délicieuse salade de fruit fraîche pour le réveil, pour notre dernier petit déjeuner ensemble. Elisabetta nous quittera bientôt pour Venise, Alain pour le Québec. La suite sera une nouvelle histoire.

Thalassanté 9°22,31 N 79°56,45W