L’équipage du passage du Canal de Panama

Pour passer le Canal de Panama, la règle est qu’il faut être un à la barre, quatre aux aussières et le pilote. Une sixième personne est très importante, c’est l’Agent. Il règle TOUT jusqu’à ce que le pilote embarque. Ah, ne pas oublier les pneus et les quatre très longues aussières. C’est le signe distinctif des bateaux qui ont transité ou qui vont transiter. Le premier embarqué est Christophe. Un aventurier sportif puisqu’il voyage à vélo que ce soit en Europe, au Chili, au Pérou, tout seul la plupart du temps. De longues longues routes seul à devoir gérer l’ensemble des contraintes. Pour l’instant, il s’apprête à changer de monture et part sur un voilier avec à bord trois garçons dont deux de Marseille et un d’Avignon. Direction pour eux comme pour nous et la plupart des bateaux, les Marquises. Mais comme il veut rejoindre ensuite la Nouvelle Zélande ou l’Australie, peut être ferons nous un bout de route ensemble. A suivre …Notre agent nous propose deux jeunes garçons puisque c’est le week end que nous passons le canal. Cette idée nous plait bien. Au final, cela nous a totalement enlevé tout souci et nous avons eu beaucoup de plaisir à partager une journée de nos vies. Ils ont 19 ans, sont très amis et très différents. Andrew est le boss, c’est lui qui a entrainé et « formé » son ami pour venir sur les voiliers qui passent le canal. Un moyen de gagner un peu d’argent pour ces étudiants. Andrew veut devenir marin. 7 ans après le bac. La navigation l’intéresse plus que la mécanique. Il veut travailler sur ces grands bateaux qu’il voit aller et venir depuis son enfance. Il est précis, rapide, confiant. On lui donne rapidement la fonction de capitaine et de radio. Il surveille son ami Ricardo, étudiant en communication. Ricardo parle anglais et Christophe espagnol. Tout communique bien. En approchant du Canal, moment émouvant, quand après un orage vraiment diluvien, la pilotine approche et nous débarque LE PILOTE. Nous voilà devenu comme les « grands » qui pour chaque entrée et sortie de port ont leur pilote à bord. Hello pilote ! Franc, direct, un bon anglais, la VHF à la ceinture, cela fait 17 ans qu’il fait ce travail, habite Colon, a bon appétit, a 5 enfants et va devoir changer ses habitudes pour l’ouverture du nouveau canal en 2014. C’est lui qui nous pilote jusqu’au Lac Gatun, où après avoir contrôlé l’amarrage à la bouée, il repartira sur une autre pilotine.

Puis nous sommes allés de surprises en surprises, retrouvant l’œil émerveillé de l’enfance. Tout est tellement impensable, délirant, que ce soit ce si grand bateau vu de si près dans les écluses, les immenses bateaux croisés, tous ces conteneurs qui migrent, ces mètres cubes d’eau déversés pour chaque écluses, ces milliers de crocodiles sous notre coque, ces dizaine de milliers de gens qui ont travaillés et péris pour ce canal, les milliers d’arbres et de vies ensevelis lors de la formation du lac, les pélicans qui volent d’un côté à l’autre des écluses, et nous, là … Mais ces terres sont finalement protégées maintenant. Réserve consacrée aux activité de transit, elles ne peuvent être habitées par l’homme. Les derniers humains à avoir foulé ces espaces sont les ancêtres … les premières nations comme disent les québécois …