Tout s’est accelere ses derniers jours

La traversée a commencé très calmement puis récemment tout s’est accéléré.

Durant la première semaine, le vent était régulier venant du Sud Est, situation très agréable car nous étions portant sans avoir besoin de tangonner, le bateau bien appuyé, très confortable.

Nous pêchions, nous passions beaucoup de temps à lire, dormir, préparer de bons repas. Puis le vent est venu, de l’Est, plein vent arrière. Il a fallu choisir un bord, nous avons choisi le cap qui nous menait un peu plus au Sud et nous avons tangonné, GV et grand solent, nous avancions bien, mais un jour une grosse houle du Sud Est venue, et, mélangée à celle que nous avions, Est, çà a commencé à bien rouler. A l’intérieur il fallait tout le temps se tenir et les promenades sur le pont étaient plus souvent assises que debout. Dedans, il fallait tout caler, accrocher, mais ou s’y est fait.

Les problèmes ont commencé le jour, ou plus tôt, la nuit ou de 15/18 nœuds, le vent est monté à 25 nœuds. Dans la nuit nous ne voulions pas descendre le tangon, avec cette grosse houle, c’était trop compliqué, et dangereux, nous avons pris un ris puis un second, puis nous avons roulé un peu le foc. Le lendemain le vent s’était calmé, mais la houle était toujours là.

Nous avons gardé notre voilure car elle était parfaitement adaptée à un vent de 20/25 nœuds, mais dans la nuit, toujours vers les 4 heure du matin, le vent a forcit. Il a dépassé les 30 nœuds! Nous avons veillé attentivement jusqu’au levé du jour, puis le vent s’est calmé et dans la journée toujours 20/25 nœuds. Un vrai régal, nous avons du faire ces 4/5 derniers jours des moyennes de plus de 200 miles par jour, comme dans notre traversée de l’atlantique.

Nous avons gardé notre toile ainsi toute la journée et même la nuit, car le temps semblait être stabilisé. Mais à nouveau, à 4 heure (environ) le vent est monté jusqu’à 35 nœuds. Là nous avons pris la décision de réduire, nous avons un peu roulé, mais dés les premiers rayons du jours, nous avons baissé le tangon et roulé entièrement le solent. Depuis nous avançons grand voile avec deux ris sans foc!

Le pilote tient très bien, l’allure est calme et nous permet de garder notre moyenne de 8 nœuds. La mer est très confuse car cette houle persistante du Sud Est plus la houle du vent, Est, créé par moments de très hautes vagues. Vagues qui nous ont jouées un sale tour hier après midi. Dans une inspection de la plage arrière, il avait été constaté qu’une des deux fixations de l’échelle de bain passerelle du bateau était partie, il y en restait toutefois une autre, aussi j’avais décidé d’attendre d’être arrivé pour faire la réparation, Mais hier en regardant la plage arrière, nous avons constaté que l’échelle n’était plus là. Le bout qui la fixait au pont non plus, je regarde à plusieurs reprise, Non elle n’était plus là! En fait, la seconde fixation avait du elle aussi partir, et le bout de fixation de devait pas avoir été fixé!!! Nous ne connaitrons jamais la vérité, mais aujourd’hui nous n’avons plus d’échelle de bain!
Hier après midi nous avons passé un bon moment à inventé comment nous allions en refaire une, et le plus vite possible.
Nous avons finalement trouvé une idée, nous la mettrons en œuvre à notre arrivée aux Marquise.
Ce fut un peu la même chose avec le guide du guindeau. ce guide est une petite pièce métallique qui guide la chaine hors du barbotin lorsque l’on remonte la chaine. En partant de Panama nous avons eu beaucoup de mal à remonter notre ancre, la chaine était replie de boue très gluante, mais avec le guindeau très puissant nous y sommes finalement parvenu. Mais comme nous avions empennelé, c’est à dire fixé une seconde ancre devant la première à une amarre pour en doubler l’efficacité, la seconde, qui en fait avait, elle aussi, beaucoup travaillée, ne voulait plus monter. Marche avant, marche arrière, avec le moteur pas moyen, puis subitement elle s’est décollée. Il nous a fallu beaucoup de temps après pour nettoyé tout le pont, le puits à chaine était rempli de vase, nous l’avons laissé car en navigant je pensais que les nabs d’évacuation allaient pouvoir le nettoyer. Arrivé aux Galapagos nous avons mouillé sans problème, mais en partant, en remontant la chaine, la vase qui s’était agglutinée dans le guindeau empêchait la chaine de s’écouler normalement et le guide fut sollicité beaucoup trop fortement et cassa net.
Heureusement l’ancre n’était pas encore décrochée et nous avons pu tout nettoyer, tout remettre en ordre, et avec quelqu’un en bas, au fond du puits à chaine, tirant sur les maillons à la sortie du guindeau, il nous a été possible de remonter notre mouillage.
Ouf! Mais comment faire maintenant pour les prochains mouillages?
Au Galapagos nous avions repris contact avec un bateau rencontré à Colon, un membre de l’équipage nous avait appris que son épouse devait le rejoindre au Marquises. Nous le contactons par mail via l’iridium, et lui demandons si elle pourrait nous apporter la pièce de que je demanderais à Nicolas de trouver à Antibes. Mais malchance, les revendeurs d’Antibes nous apprennent que ce modèle de guindeau ne se fait plus et qu’il n’y a plus de pièces détachées!
Catastrophe! Je demande à Nicolas de téléphoner à tous les revendeurs français du fabriquant afin de pouvoir en trouver une, mais je n’ai pas beaucoup d’espoir.

Je sort, le vent monte à 37 nœuds, je vais dans le cockpit, tout le monde dort, je reprendrais plus tard.
Un long moment s’est écoulé depuis, le vent est monté jusqu’à 40 nœuds avec toujours nos grosses vagues arrivant en ordre dispersé. Nous avons envoyé un petit morceau de solent puis affalé entièrement la GV. Puis le grand foc ne portant pas très bien avec le roulis important nous l’avons roulé et envoyé la trinquette entière. Ça marchait beaucoup mieux. Mais à nouveau le vent a baissé et nous avons renvoyé la GV, mais comme nous ne faisions plus le cap direct, nous avons affalé la trinquette et lâché un ris. Maintenant tout porte bien, cap direct, mais de gros grains s’annoncent autour de nous. Il pleut devant nous sous de gros nuages noirs, un autre grain nous rattrape par derrière! Nous hésitons à empanner et nous diriger plus Sud pour nous éloigner du grain.

Je continue mon histoire du guide de guindeau. Ne sachant pas quels résultat allons nous avoir auprès des revendeurs du fabriquant, je décide de fabriquer moi même une pièce avec les moyens du bord.
J’ai toujours quelques morceaux de profils en aluminium et quelques morceaux de bois et contreplaqué. Je sort tous ces précieux matériaux et nous « ganbergeons ». J’avais, en fait, quelque profilé d’alu épais, du 8mm. Avec çà j’ai dessiné la pièce idéale qu’il nous faudrait fabriquer. Nous avons passé une journée entière à scier, limer, découper, meuler, pour arriver, à la tombé du jour, à poser provisoirement une pièce qui « n’allait pas trop mal »!
J’étais ravis. Le lendemain, je l’ai fignolée, fait marché le guindeau à blanc, « Çà marche »!!
Nous verrons à l’usage si c’est bon, mais nous sommes rassuré.

Le grain se rapproche, je vais sur le pont.

A une autre fois / Yves.