La traversée se présente très bien, Samedi matin 2 mai, il fait très beau sur le nord de la Nouvelle Zélande, pas de vent, mais c’est encore le matin, il va certainement s’établir plus tard dans la matinée.
Nous dégonflons l’annexe, terminons les derniers rangements à l’intérieur du bateau, Steward est allé ce matin très tôt, chez lui, chercher les plats cuisinés qu’il avait congelé, il les range tout de suite au fond du frigo. Ils y resterons encore congelé plusieurs jours !
Les bateaux du Rallye s’en vont, tous au moteur, les New Zélandais aiment beaucoup l »iron spinnaker », puis deux heures après nous lâchons notre bouée de mouillage !
Nous sommes prêts !
Je laisse la barre à Tran qui est ravi, je regarde la côte défiler, nous remontons toute la fameuse « Bay of Islands », nous avons beaucoup de chance avec le temps !
En arrivant devant Pahaia, le vent commence à souffler, nous attendons de passer Russell et nous hissons la grande voile !
Que cela fait plaisir après tant de temps au mouillage.
Mais nous sommes au près avec 2/3 nœuds de vent sur une mer plate. Je décide d’envoyer le génois léger, il porte bien, nous avançons à 5 nœuds ! Tout le monde est ravi !
Un grand banc de dauphins viens nous escorter pendant un moment !
Nous décidons de déjeuner, nous prenons notre premier repas ensemble en mer!
Mais à la mode Kiwi !
Je m’étais préparé à faire ma traditionnelle salade de ris, mais Tran m’a aussitôt proposé de manger « comme d’habitude » en N.Z., sandwich à midi et gros repas le soir !
Il prépare de délicieux sandwichs.
Nous sommes tous les trois très heureux, le bateau marche bien, j’avais demandé à un plongeur de venir, avant notre départ, enlever la fine couverture d’algue qui était quand même apparue en 3 semaines, aussi la carène est absolument toute propre et nous le constatons !
Le premier bord nous mène aux Roches Noires, iles au nord de la baie, mais nous ne passons pas, aussi nous virons et nous mettons le cap vers la cote sud de la baie.
A 16h nous sommes au Cap Brett.
Je décide alors de virer et de dérouler le grand solent. Nous rentrons le génois léger, avec le solent nous améliorons notre cap.
Nous pouvons prendre le cap direct sur les Fidji, cap au 11°, c’est presque du plein nord.
Nous avançons ainsi toute l’après midi et lorsque la nuit tombe je prends le premier quart, mais très vite le vent tombe et nous mettons le moteur.
Heureusement car nous n’avions plus de courant, entre le frigo et le pilote il nous fallait recharger les batteries.
Je reste 3 heures au moteur, ce serons les seules heures de moteurs que nous ferons durant toute cette traversée !
Nous n’avons même pas utilisé le »Watt and Sea » car nous avons navigué toute le temps au près, tribord amure, coté ou l’éolienne est particulièrement performante.
Elle nous a alimenté durant toute la traversée.
Le vent reviens à la fin de mon quart. Avec Tran nous établissons à nouveau le grand solent et le bateau avance à 6 nœuds !
A partir de ce moment là, nous avons eu du vent pendant toute la traversée !,
Le pilote fonctionne bien, j’explique à Tran dont c’est le premier quart toutes les consignes de sécurité, mais j’ai confiance, Il sait ce que signifie danger !
Et je vais me coucher, première nuit en mer !
Je m’endort très vite, c’est Steward qui vient me réveiller pour assister au lever du soleil !
Dans la nuit j’étais à plusieurs reprises monté voir comment tout se passait, c’était parfait !
Je retrouvais, chez Steward, le même sérieux qui caractérisait notre équipier québécois, qui restait, pendant tout son quart, debout derrière la barre, à regarder l’horizon !
C’est formidable de constater comment nos habitudes de navigation reviennent vites, le livre de bord à remplir, la veille à l’extérieur, les réglages de voiles !
Le vent se stabilise à 10 nœuds pendant toute la nuit, avec une mer plate, nous avançons à 7 nœuds.
Puis le vent fraîchi et à 11h du matin, nous prenons le premier ris, et nous roulons le grand solent, il y a 18 nœuds de vent, mais je préfère anticiper car je sais que le vent va continuer à franchir.
Le bateau marche très bien, mais la mer commence à se creuser !
Toute la journée nous naviguons avec un vent qui se stabilise autour de 20/25 nœuds. Nous sommes au prés bon plein nous avançons à 8/9 nœuds, l’éolienne nous donne tout le courant dons nous avons besoin.
A bord la vie s’organise, le bateau gîte, mais va vite, l’équipage est enchanté !
Miracle, aucun n’est malade.
Le soir le vent fraîchi, à 22h nous prenons le second ris, avec le petit solent, maintenant nous sommes paré à tout !
Au milieu de la nuit j’entends de l’eau couler à l’avant, la poignée d’un des deux panneaux de pont de la cabine avant vient de casser !
Avec Steward nous prenons les choses en main, lui tient le panneau le plus serré possible et moi j’invente un blocage. Chacun donnant son avis nous arrivons a rendre ce panneau étanche, il nous aura quand même fallu presque une heure. Il est 3 h du matin !
Au matin la mer devient plus irrégulière, il y a trois directions différentes de houle, ce qui crée par moment de très grosses vagues dont la crête déferle parfois, nous avançons toujours à 8/9 nœuds !
A 13h le bateau commençant à taper, je décide de ralentir, nous prenons un troisième ris. Nous ne descendrons pas en dessous de 8 nœuds !
Le vent atteint maintenant les 30 nœuds. Il ne descendra plus en dessous jusqu’à ce que l’on rentre dans les eaux fidjiennes.
Nous avons fait 190 milles en 24 heures !
Toute la journée du lendemain, même type de temps. Mais avec nos 3 ris et la trinquette bien bordée, nous avançons bien.
Mais la mer est grosse maintenant et le bateau tape souvent !
A bord l’ambiance est sereine ? A midi Tran nous régale avec des tartines chaque fois différentes et délicieuses, et le soir, ce sont les plats que Steward avait préparé chez lui dont nous nous régalons chaque jour. Casseroles, Curry, viande en sauce, et autre plats délicieux surtout lorsque c’est servi chaud, et au moment ou nous en avons tous envie.
Je tiens seul le livre de bord, en français, à part cela nous sommes tout en anglais. C’est plus facile pour tout le monde, et j’aime bien.
Je crois que depuis que je suis ici je me débrouille mieux en anglais !
Les jours se succèdent, le vent se maintient toujours autour de 30 nœuds !
Je pense aux bateaux du rallye qui eux, devaient aller au Tonga, soit à 30° plus au nord, je ne sais pas comment ce doit être pour eux mais je crains le pire !
A l’arrivé, j’ai envoyé un mail à Graeme, il m’a raconté que deux bateaux étaient rentrés à Opua, d’autres s’étaient détournés vers Suva au Fidji. Un bateau que j’ai rencontré ici a Savusavu fin mai, m’a dit qu’il avait mis 12 jours pour arriver à Suva, et que ça avait été très dur !
Enfin le 7 mai nous entrons dans les eaux Fidjiennes, le vent est moins fort, mais toujours entre 25 et 30 nœuds, mais il y a beaucoup moins de vagues ! Le bateau va toujours très vite, nous garderons pendant toute la traversée une moyenne d’environ 200 milles par jour !
Je crois que je n’ai jamais fait de telles moyennes avec Thala.
A bord nous avons une grand sujet de discutions, nous ne pensons pas arriver avant 4 heure de l’après-midi du vendredi. Donc pas de possibilité de dédouaner avant lundi, mais il ne faut pas aller jusqu’à Savusavu, il faut s’arrêter en route !
Il serait possible de mouiller devant le Ressort Cousteau, et attendre lundi matin. Mais après discution, nous décidons de tenter notre chance en arrivant vendredi soir et en demandant à Dolly d’organiser le dédouanement pour samedi matin.
Je lui envoie un mail, Dolly est la directrice de la Marina, elle me répond immédiatement que cela ne pose aucun problème, elle organisera tout pour le lendemain !
Nous longeons l’île Ngau, puis l’île Koro, et nous cherchons le phare de l’entrée de la baie de Savusavu, rein, nous ne voyons rien, mais les instruments nous confirment que nous sommes dans la bonne direction !
Jusqu’à moins d’un demi mille nous ne voyons toujours pas le phare !
Nous sommes à la voile, avec Navionic et avec C Map nous sommes exactement au bon endroit, au bon milieu de la passe, nous marchons à 7 nœuds, je roule le foc, et avançons sous grand voile haute et alors que nous sommes, au dire des instruments au milieu de la passe, nous voyons un tout petit feu clignotant conforme aux indication des cartes !!!
Ouf, tout va bien.
Puis nous faisons toute la remonté sur Savusavu à la voile jusqu’au grand quai !
Nous sommes tous très excité et heureux !
Nous affalons les voiles et prenons un corps mort !
Nous sommes arrivé !
Finalement nous avons mi juste un peu plus de six jours pour faire 1200 milles ; soit environ 200 milles de moyenne !
Nous somme tous très heureux.
Nous savourons une bonne bière très fraîche, la première depuis notre départ et nous dégustons un dernier bon plat de Steward !
La nuit sera douce calme et surtout horizontale !