Bizutage indonésien

Nous y voilà. Nous, c’est nous 4. L’équipage depuis Nouméa.

Yves et Armin ont déjà arpenté l’Indonésie, il y a respectivement 40 ans et l’an passé. Quand à Céline et Claire qui présentement vous écrit, jamais mis les pieds sur cet archipel largement habité.
Nous avons mouillé devant le Port de Pêche de Kupang et avant d’entamer les démarches administratives, Céline va faire son baptême du sol avec Yves avec l’objectif de trouver une puce internet. Céline nous a fait « sortir de notre grotte Yves et moi ». Elle nous a bluffé en nous montrant comment un portable peut devenir un hotspot. Depuis, on est addict évidemment. Donc priorité à la puce afin de contacter notre agent local.

Le lendemain, ce matin donc, Ron, notre agent, nous donne rendez vous sur une plage en dehors du port de pêche. C’est donc là, avec Céline et Yves que je vais toucher de mes pieds et non plus de notre ancre le sol indonésien.

Céline a beaucoup voyagé. Mauritanie, Nouvelle Zélande, Australie, Nouvelle Calédonie, Thaïlande, Laos, Mali, Maroc, Suède, je pars tranquille avec elle. Notre plan est celui ci. Yves gère les papiers et l’agent, rentre ensuite à bord et nous nous occupons de la laundry, des fruits, puces pour tout le monde … Elle est une voyageuse largement affranchie. De mon côté, je sens tout de suite que cela va changer des arrivées habituelles qui se font dans le monde de la voile, donc généralement d’un yacht club. Nos aéroports à nous en quelque sorte.
Le débarquement s’annonce d’emblée bizarre. La plage n’a pas le blanc de ce que l’on a vu tout près d’ici. Elle est bigarrée. J’en prends plein les yeux puis les narines avec ces confettis de toutes les couleurs, ces objets en tous genres dont un crâne d’animal assez gros, et enfin, je comprend, c’est une quasi décharge de poubelles, avec des couches de poissons et nombreux autres sédiments. De dépit, et je ne me reconnais pas ce geste, je laisse choir mes 2 petites poubelles évacuées du bateau sur le tas de détritus. J’en suis surprise mais même pas vraiment gênée. L’agent est là et je ne lui demande pas pourquoi un tel endroit. La rue est boueuse, défoncée, puante, des enfants en uniformes d’écoliers viennent nous voir, surtout des petites filles, nus pieds, énormes yeux rivés sur nous, riant entre elles, se disant des choses à l’oreille, et de plus en plus nombreuses à s’agglutiner, sans rien nous demander. Nous partons avec Céline munis des quelques indications de Ron. Et bien voilà. Non, nous ne voulons pas de taxi. Et puis oui oui, quand je vois la rue, nos sacs de linge sale, c’est lourd le linge, et sale en plus …. Céline demande le prix au taxi… trop cher … c’est un taxi « luxe » … bon, ben c’est peut être pas mal un peu de luxe … et non, le taxi a démarré … laisse tomber, on y va à pieds … et c’est parti, nous partons à pieds, sacs de linge sale sous le bras, le bizuthage est fini, je suis en Indonésie. Et nous commençons la découverte de de ce pays par la rue la plus pourave du bord de mer de Kupang, ville de 250 000 habitants. Le reste relève de l’habituel atterrissage. On demande une laundry, on la trouve, on se déleste de notre fardeau et toutes légères, direction le marché du port. Et là, comme dans les films, les images de mousson arrivent avec un énorme grain qui éclate. Yves est retourné à bord donc tranquille côté bateau. On s’abrite sous la bâche en plastique d’une échoppe de fruits, légumes. Nous nous amusons à « aider » le monsieur à vider les poches d’eau des bâches. C’est si bon de sentir ces masses d’eau douce. Mais le monsieur nous propose poliment de nous réfugier en face. Il abaisse aussitôt le bois qui tiens la bâche et tout l’eau s’écoule librement. Nous rentrons dans un petit resto, 3 tables de cantines, hyper propre tenue par une jeune femme toute encapuchonnée dans son voile musulman bordeau. On se régale en mangeant, en voyant l’eau couler de partout, les gens accroupis à l’abri de leurs bâches et les enfants qui courent partout, se baignent dans les grands baquets, jouant avec l’eau …. douce …. regard complice avec Céline. Et nous alors, on en rêve de la douche d’eau douce! Mais à bord Yves et Armin se savonnent, peut être en chantant sous cette pluie si généreuse.

Bonjour l’Indonésie, bonjour la mousson.

Kupang, West Timor, petites îls de la Sonde, le 8 décembre 2015