Détroit de Malacca

Mardi 23 février, 16 heures, nous jetons l’ancre par 15 mètres de fond sous une pluie qui nous donne l’impression d’être seul au monde.

De Bali a Padangtikar

De Bali a Padangtikar

17 heures, le temps est dégagé, je compte 54 bateaux cargos ou autres dans notre zone de mouillage.

De Bali a Padangtikar

De Bali a Padangtikar

Nous sommes en Malaysie, juste après la pointe sud ouest de l’île de Singapour. La traversée des rails de cargos s’est faite sans difficulté. Tout d’abord un peu surpris de ne pas voir de grosses unités, c’est en longeant les zones de mouillages que s’offre à nous le grand show de bateaux en tout genre et toute taille. Tout est colossal, les échelles sont époustouflantes. En fond de toile, les building de Singapour font place à des infrastructures portuaires sur de grandes distances. Armin nous a cuisiné des merveilles. Un gros grain a rempli nos réserves d’eau pour la douche, le drapeau indonésien est affalé, bref, une journée toute spéciale. Timor, Ndao, Flores, Sumba, Komodo, Bali, Bornéo, Batam, ces îles se découvrent être chacune un pays à part entière.
23 Dec. 2015Ici, dans le détroit de Malacca, l’évolution de la navigation indissociable de celle de la mondialisation se poursuivent depuis des siècles. On ne peut pas ne pas y penser. Nous allons remonter l’histoire le temps de remonter le détroit et comme très souvent, penser à ces bateaux sans moteur, à ces marins sans cartes précises, sans réfrigérateur pour l’eau du pastis, sans bons petits plats, entassés les uns sur les autres avec l’humidité et la crasse .. ouah le rêve !

1°16 nord 103°33 est

Padangtikar

Padangtikar, mardi 9 février 2016

Au petit jour, nous voici prêt à rentrer dans le fleuve. La bouée d’entrée marquée sur les cartes n’est pas au rendez vous. Les hauts fonds remontent loin très loin au large. 12m, 7m, 5,5m, c’est normal, il faut s’y habituer. Aucune idée de ce que l’on va
trouver. Bornéo nous fait rêver, on voulait absolument s’y arrêter. Pas de relief sinon au loin. Nous avons attendu la nuit dehors dans des conditions très inconfortables, conciliant grains de pluie et vents, fort courant nous portant au sud … Au petit jour, la récompense est là, le mouillage et le repos sont proches. Le fleuve est marron de chez marron. Nous voyons de grands bateaux mouillés qui en se rapprochant, se révèlent être des fish farm. Il doit donc y avoir du monde dans les parages.Padangtikar premiers visiteurs

Nous avons jeté notre préférence sur la côte sud de ce fleuve, qui se révèle être beaucoup plus grand qu’on ne l’imaginais. Kalimantan, anciennement nommée Bornéo, est grande, très grande. On repère des toits de maisons, on se rapproche. On se prépare à
mouiller.

Ayant évité un filet, nous voulons ensuite donner la priorité à une embarcation menée par deux personnes et tirant tout prêt d’eux 2 morceaux de bois. Nous faisons un 360° pour le laisser passer. Mais lui s’est arrêté et fait des grand signes pour nous laisser passer. A bord, il a Deni, l’un des 5 enfants de notre future très proche famille d’accueil. Comme nous attendions tout de même pour le laisser passer, il décroche ses bouts de bois, les laissent planter là, tête vers le ciel, comme cela, et arrive à notre bord. Souples, agiles, souriants, en un rien de temps ils sont tous les deux à bord. Ils veulent nous guider vers le Padangtikt premiers contactsvillage mais sommes très septiques quand aux fonds. Nous voilà avec 4 personnes à bord car un autre bateau vient de s’amarrer. Et les prises de photos commencent avec les téléphones. On donne la barre à un pêcheur, ce qui le rends très heureux. Les rires et la joie de vivre ont embarquée à 10 heures du matin pour nous accompagner pendant toute cette escale. Ce sont maintenant 3 bateaux amarrés sur notre arrière. Gros détail, il ne parlent pas anglais, mais pas du tout. Armin, lui, se dépatouille suffisamment pour échanger avec eux. Ils ont donc bien compris qu’il nous fallait un fond d’au moins. Mais là, le sondeur est à 2,4 mètres, (c’est la limite car la sonde n’est pas à la surface de l’eau mais au fond de la coque). Hops, on fait marche arrière. Ils gèrent bien leur bateaux en sautant à leur bord rapidement lors de la marche arrière. On voit que ce sont des gens de bateaux. On mouille 2 ancres, c’est de la boue, on a confiance.Padantikar Mieu que l'annexe

On sort notre gâteaux au chocolat peanuts fait maison la veille, genre brownie plutôt réussi, très appréciés par Adam, 3 ans environ. Les grands se montrent très polis et discrets tout en jetant de grands coups d’œil à l’intérieur. Tout sur le bateau les intrigue.

Le temps passe surement mais cela, on ne s’en rends plus compte. Ici, on ne compte plus rien. Aux Fiji, il y a Fiji Time ce qui est encore un programme puisqu’on en parle. Ici, on ne le compte plus, on ne le matérialise. Non seulement ces gens semblent avoir tout loisir d’aller comme ils veulent mais en plus ici, plus que partout ailleurs, on sent que le moment de faire quelque chose est toujours simplement le bon moment, c’est tout.Padangtikar selfi

Ils nous proposent de nous emmener dans leur village sur leur bateau. Aussi impensable que cela soit, on fait vite le minimum et nous voilà tous les 4 dans leur esquif. A l’intérieur, le barreur assis (on ne tient pas debout dans la cahute), Adam, 3 ans et moi. Le bruit du moteur couvre à peine le duo que nous venons d’entonner, Adam et moi. Étrange que ces sons forts et sur d’eux qui sortent de nos bouches en cœur, yeux dans les yeux. Étonnant moment de communion à deux. J’ai un copain, c’est sur.

On arrive au village. Padangtikar se dévoile. Je n’avais encore jamais vu cela. A ras de l’eau, nous devons lever nos yeux pour voir la fin des bois de palmes qui supportent des maisons, des ponts, des passages, des gens, des mobylettes, c’est un village lacustre. Le bateau s’immobilise, le bruit du moteur se stoppe, on sort.

Bonjour Padangtikar.

De Bali à Bornéo

Kalimantan, alias Bornéo. En attendant d’y mettre pied à terre, c’est la mer de Java, et cela danse bien. Les grains, la pluie, les innombrables bateaux de pêche, leurs filets, le près, tirer des bords, et des bords carrés avec les courants et parfois le manque de vent … Oh la vie est dure, nous qui sommes bercés depuis des années maintenant par les alizés portants. Les souvenirs des dépressions de l’Atlantique nord reviennent, et ceux de la Manche, grise, le ciel bas, mais, le tout dans un bain de chaleur. L’eau de mer est tiède et on sèche très vite, mettons tout de même un haut de ciré car on peut avoir frais. Sortir de sa bannette sans avoir à s’habiller pour sortir dehors, c’est quand même la belle vie ! Céline et Armin sont imbattables sur les prises de ris, les virements de bords ont remplacés les empannages du Pacifique et la nourriture s’est bien orientalisée.

Aujourd’hui, le soleil est revenu et on fait route directe, cela se fête. Sur la carte électronique, notre route ressemble à une écriture d’enfant qui apprendrait l’arabe. Bien oui, de l’est vers l’ouest. 2 Dec. 2015Cela fait 8 jours que nous avons quitté Bali, les vivres frais commence à se raréfier. Armin a pêché un Barracuda, le premier depuis bien longtemps et on l’a bien apprécié, mais fini ! 2 patates, plus d’ail, aie aie aie, quelques bananes et oranges, un avocat, et le reste part dans le frichtis aux lentilles de Céline de quart de cambuse aujourd’hui. On remet en route les graines germées, au moins cela de frais à venir.

C’est l’heure de manger, à bientôt.
par 3056 Sud et 109°34 Est.

De Noël à Bali

Et c’est reparti

Noël s’est déroulé pour nous à Waingapu sur l’ile de Sumba et Labuan Bajo nous vit arriver pour le 31 décembre en fin d’après midi. Juste à temps pour une ravissante soirée aux couleurs méditerranéennes et quelques danses toniques avec des chinois, australiens, allemands ….
Avec un club de plongée local, nous sommes revenus sur nos pas pour se rendre à nouveau dans le parc réserve de Komodo. Les raies manta, en grand nombre, nous ont salué de leur nage sereine et apparemment indifférente à nos palmes et masques tuba. Merveilleux spectacle de bienvenue en 2016 que nous vous retransmettons donc en différé.
L’Indonésie commence à nous être familière et celui qui dirige notre programme, se 20 dec. 2015nomme le Vent avec ses associés, les Courants. Navigations agitée entre le manque de vent, les forts courants et maintenant la mousson de NW qui est enfin arrivée avec les pluies attendues par les terriens. Nous avons ainsi bénéficié de ce décalage exceptionnel des saisons pour progresser avec des vents portants de la Papouasie Orientale jusqu’à la mer de Timor.

Et puis Bali arriva et Bali fut. Un peu a reculons nous y allions. Un peu l’appréhension du trop de monde, de beaucoup de tourisme, mais la perspective d’un havre sécuritaire pour le bateau nous permettant à tous de prendre un peu le large était plus que raisonnable. Nous avions de plus un précieux contact depuis Nouméa avec un dénommé Jérome, voileux marseillais de surcroit, qui nous donnait par mail les renseignements souhaités sur les ancrages à Bali. Nous y sommes donc arrivé le 8 janvier, jour de la période dite « basse saison », touristique bien sur.
Et ce fut une escale pleine de douceur et de plaisirs. Céline et Armin, chevauchant leur mobylette ont parcouru Bali et Lombok, gravi un volcan et retrouvé des amis.1 Dec. 2015
De notre côté, nous découvrions le visage de Jérome, installé à Bali depuis 18 ans et qui a enchanté notre escale, l’a rendu familière, colorée de rencontres amicales et a été un homme ressource pour tous nos besoins : dentiste, fabricant de la protection du dinghy, ostéopathe, point de vente d’extracteur de jus pour réparation, amis français nous apportant de Marseille une commande de dernière minute, achat de vins, et point épineux, un informaticien fiable pour changer le disque dur du bord tombé raide juste avant Bali et surtout nous conserver nos logiciels de navigation, communication, sans lequel nous ne pourrions plus, entre autre, vous écrire. Jérome, l’homme de toutes les situations, explications, nous a offert une généreuse et conviviale hospitalité dans son lieu de vie magique en haut d’une falaise surplombant la mer, rassasiant tous nos sens avec la nourriture, les massages, les bains a volonté en piscine, des douches immenses, le moment commun consacré au coucher de soleil qui réunit les plus proches, et bien sur les rencontres d’amis dont pas mal de français de passage dans ce havre de quiétude agencé avec talent et amour de la vie.
Jérome et sa sœur ont même décidé de nous faire faire un peu de tourisme. Nous aurons ainsi au moins visité un magnifique temple et Ubud.
Nous avons aussi passé un moment intense au Green Village de Bambou à Bali, époustouflant ! et vécu le rythme de la petite île de Serangan où nous étions fort bien amarrés sur 2 corps morts puis 3 quand la mousson est arrivée.

Et voilà, après d’heureuses retrouvailles avec notre équipage, nous avons du faire un aller et retour à Singapour car la limite de 2 mois de temps de séjour consécutif autorisé en Indonésie allait être atteint avant notre arrivée à Bornéo. C’est encore Jérome qui nous alerta et nous évita ainsi des ennuis à venir !

Les préparatifs du bateau allèrent tambour battant, Céline et Armin connaissant bien le bateau et la multitudes de petits gestes à effectuer pour mettre le bateau en configuration navigation. A notre surprise, nous larguions notre mouillage à 16h, direction la Malaysie, contre vents et courants.

Allo Jérome ? Virginie ? Isha ? Anna ? Fredie ? Thibault ? mais où êtes vous passés ? devant la mer ? pour un coucher de soleil ? à demain ? Un grand merci à vous et à Bali.

Claire et Yves le 29 janvier 2016.