Habitudes

Elles changent nos habitudes. Avant, jour et nuit, dès la tête sortie dehors, le premier réflexe, devoir même, devenu une obsession avec les milles, était de scruter minutieusement le plan d’eau pour y dénicher un feu, un bateau sans feu, des marques de filets, des petits radeaux flottants de pécheurs ….. Jamais seuls, jamais tranquilles. Pendant des mois de navigations en Indonésie, dans la montée et descente de ce fichu Détroit de Malacca, en Thaïlande et en Malaysie, la veille attentive et soutenue fut pour tous l’exercice numéro un de la navigation.

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Départ Yves et Claire de Belitung pour La Réunion

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Aujourd’hui, tout est changé. Seul reste le regard rapide au vent pour détecter un grain. Tout le reste est pour l’étonnement, la beauté, le plaisir des sens. Le ciel, les couleurs du couchant et du levant, les formes dans les gros nuages confortables, la lumière, la couleur de la mer, de cette houle bleue foncée et blanche d’écume qui nous soulève l’arrière, nous accélère, nous propulse entièrement vers le haut pour nous déposer à nouveau en bas. Mouvements sans cesse répété avec l’océan Indien, juste pour nous yeux. Pas vu un seul bateau depuis dix jours.

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A 1100 milles de La Réunion. Lundi 31 octobre 2016.

 

La recette à tout faire

Fort simple cette recette et elle a fait recette à bord. Alors, aujourd’hui, second gâteau de riz au four, c’est si simple !
La préparation est sim-plis-sime. Mélanger 100 gr de riz, 100 gr de sucre, 1,5 l de lait de vache ou végétal, 80 gr de raisin sec (trempés dans du rhum en option), et hops, au four. Difficile de trouver plus simple ! Sauf que là, catastrophe ! La vague ! Au moment de l’enfournement ! Ahhhhh, nonnnnn pas çà ! Et oui !
Nettoyage du sol au lait sucré, c’est doux pour les pieds !

Plus qu’une LED

Je me lève pour mon quart, et là, stupéfaction, il n’y a plus qu’une LED d’allumée!!!

Je ne comprends vraiment pas tout, mais s’il me suffit de dormir pour que ce problème s’arrange, je suis preneur! Je ne touche rien, je verrais tout ça demain.

Nous n’allons plus sur les îles Coco. Nous sommes très en retard sur la saison. généralement les bateaux passent l’Indien en Août/Septembre, mais jamais en Novembre car c’est la saison de cyclones qui débute. On dit toujours qu’il faut quitter Maurice avant le 15 Novembre. Nous allons être en limite.

C’est pour cette raison que après avoir été obligé de nus arrêter en Indonésie pour débarquer notre équipage, nous avons décider de filer directement sur La Réunion sans s’arrêter à l’île Rodrigues ni à l’île Maurice.

A La Réunion, nous aurons beaucoup de travail, le moteur qui ne tourne plus rond du tout, le turbo est à mon avis à changer, le grand Solent à faire réparer, les hublots de pont à changer, ils ne sont toujours pas étanche et l’eau rentre à chaque vague, j’ai ceinturé les capots avec des chambres à air de vélo, mais malgré cela l’eau passe toujours!

Je suis en contact avec AD de Marseille pour me conseiller et voir comment en acheminer déjà deux pour notre arrivée la bas. Ils me conseillent des Gebo, équivalents aux Goïot, mais moins cher. Mais je ne sais pas comment les acheminer à La Réunion.

Voila ou nous en sommes.

Première nuit étoilée depuis notre départ.

En prenant mon quart je suis allé dehors et j’ai vu sur l’arrière un feu! J’ai aussitôt bondi sur l’AIS pour l’allumer et voir si ce bateau était détecté, mais je n’ai rien vu. Un moment après je suis retourné voir ou était ce bateau, et j’ai alors vu, une lune à moitié cachée derrière un petit nuage!

Souffle indien

Premier coucher de soleil flamboyant, première nuit étoilée. L’océan indien a perdu ses couleurs gris noirs, l’arrosage automatique de pont est arrêté, les montagnes russes aussi, plus aucun bateaux en vue depuis plusieurs jours, la cuisine tourne bien, le pain est bon, les petits plats variés, nous sommes les passagers d’un merveilleux esquif qui avance tout seul.

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Mercredi 26 octobre, cap sur la Réunion.

En pleine mer,

La mer est grosse, mais ne déferle pas.

Aujourd’hui, j’ai réparé un début de déchirure sous le troisième ris. La réparation a l’air bonne, nous avons remis le troisième ris et
naviguons maintenant sous deux ris grand solent.

Nous marchons en moyenne à environ 8 nœuds. La vie à bord est bien rodée.

Nous finirons notre premier poisson demain, puis nous remettrons la ligne à l’eau.

Demain je démonte la petite cabine pour atteindre les batteries et essayer de voir où est l’origine de cette fuite.

Ce soir un bateau en vue, j’ai branché l’AIS, et subitement une des deux LED s’est éteinte! j’ai essayé plusieurs fois, chaque fois la LED
s’arrêtait, mais il y en restait toujours une d’allumée. Puis environ 15mn après tout est revenu comme avant, avec deux LED continuellement
allumée. Affaire a suivre..

Chasseurs de fuites

Avec tout chasseur, il y a l’attirail de chasse. Lampe frontale, voltmètre, divers tournevis, clés, papier, crayon, plans.

Yves, le chasseur patenté du bord est armé d’une dose de patience quasi illimitée. A l’heure de son quart de repos, il cogite. A l’heure de son quart de pont, il démonte, coupe, rallume,et correspond avec son acolyte complice Nicolas qui soutient notre chasseur.

Mais les 2 LEDs vertes allumées du testeur de fuites n’ont cure de ces agitations. Les électrons courent dans la coque, s’y installent sans gène
aucune, sans pitié pour nos chasseurs qui cherchent, cherchent, cherchent.

Heureusement,il y a le quart de cuisine où le chasseur délaisse ses fuites pour ses casseroles.

Heureusement, il y a la pêche, car là, on trouve !

La grande porte

Sumatra au loin sur tribord,
Java tout près sur babord,
la grande porte est ouverte pour l’océan indien;
La fin des champs de pétrole,
La fin des hauts fonds et de ses courants,
La fin des files de remorqueurs et remorques,
La fin des pécheurs,filets et incertitudes qu’il faut lever sans cesse.

L’Indonésie est loin pour nous. Elle fut avec la Papouasie Louisiade un merveilleux voyage de quatre mois justifiant à elle seule un si long périple.

Une autre histoire s’annonce avec cette sortie saluée par les colonnes de ce détroit de la Sonde, telles les colonnes d’Hercule de Gibraltar.

Passer ce détroit, c’est la route sans retour pour le plus grand océan.
Pacifique,
au gout permanent de grand délice,
S’éloigner de toi,
Oh ! quel immense supplice.

Tant d’îles à découvrir,
Tant d’amis chers à revoir,
Tant de temps à y passer encore et encore,

Mais la terre est ronde,
S’éloigner de toi est aussi s’en rapprocher,
Qui naviguera verra.

Détroit de la sonde le jeudi 20 octobre 2016.

Escale forcée à Belitung

Après s’être montrée très active et vite apprenante, notre Hiu Ying montre un petit mal de mer. Mais le mal grandit, et la belle ne mangeat plus, rendit son estomac à la mer, puis ne but plus et là, avec la chaleur, l’inquiétude générale montât. Les Iles Cocos Keeling d’un coup s’estompent pour Maxime. Elle aimait bien barrer, mais ce fut vite un lointain souvenir d’elle. Ses yeux vide de vie, sa tension basse, on projette l’escale à Jakarta, pour un bon abri.

Sur des conseils avisés, on la fit boire avec un linge mouillé, puis à la seringue, comme un petit oiseau hagard. Alitée en permanence, trois sans boire et vomir, la déshydratation était là  ….

Sans visa pour l’Indonésie, Jakarta à 400 milles, un rendu de couleur marron nous fit mettre cap sur île proche de Belitung. Malgré un mouillage incertain, il fallait la mettre à terre.

Et la pauvre subit une nuit un mouvement bien violent du bateau qui se coucha.

Et nous dehors étions bien affairés, éblouis à en devenir aveugle un moment, et assourdis des coups de tonnerre. Jamais vu autant de traits de foudre reliant le ciel et la mer, plus de nuit mais un voile blanc sur 360 °, un blanc cru, le bruit assourdissant et les voiles ….

Rouler le génois fut long, la grand voile en drapeau effaçant la risée, enfin ce n’était plus une risée. C’était long, long, long.

Yves et Maxime eurent raison du génois, on pris les ris vite vite et tout fut rétabli. Hiu Ying ne reçu plus de soin pendant ce temps mais de toute façon elle était gisante.

Avec la lune revenue au travers des nuages, les éclairs tus, nos oreilles apaisées, on vit un bout de toile flotter, le génois avait morflé, grave. La situation était de nouveau en main.

Le souvenir de ce magnifique spectacle qu’aucun jeu vidéo ou film ne peut égaler reste encore imprégné dans nos sens.

Dantesque, une nature brute, déchaînée, à son aise, splendide et grandiose.

Pas facile d’imaginer un spectacle son et lumière de cette ampleur, nature au dessus de tout, de toute création informatique, c’était et reste encore un souvenir pregnant, émouvant.

La création à l’état pur,

dans la démesure,

dans la folie et la beauté des éléments bruts.

Belitung, Indonésie.

Arrivée sur Belitung avec une première surprise, 25 voiliers au mouillage. Nos esprits sont vide car Hiu Ying est notre majeure préoccupation. Sa tension est revenue à 10 et une fois mouillé, ses esprits reviennent et la faim aussi. Et surtout, elle boit !

Et vlan, nous voilà interrompus dans nos manoeuvres de mise à l’eau de l’annexe. Un gros grain noir arrive sur l’île. On va être épargnés. Et non, demi tour sur nous et la flotte de voilier qui disparait rapidement. De l’eau, de l’eau, toute douce et partout. Allez, après avoir jaugé de la situation, vu que le bateau ne dérapait pas, nous voilà à prendre une douche, une vrai, une généreuse, mais que c’est bon alors. Nous qui utilisons si parcimonieusement l’eau douce, denrée vitale et non renouvelable sauf que là, elle se renouvelle beaucoup, et d’un seul coup. Toute cette eau à l’eau, oui, gâchée pour nous,  juste un peu gardée dans nos seaux vite pleins.

Là dessus, la fatigue étant là, les banettes reçoivent nos corps un peu ralboleux.

Et dans le cookpit, Yves pousse un grand bonjour, « Stedam ». Une bonne connaissance américaine de Yves des Iles Fiji du mois de juin dernier. Il nous apprends que tous ces bateaux sont ceux d’un rallye, « Sail Indonésia », que Eva va surement nous aider pour les formalités. On avait hissé trois pavillons. Le jaune habituel en arrivant dans un pays mais aussi demande d’un médecin à bord et enfin demande d’assistance, histoire de dire, nous n’avons pas de visa, nous n’avons fait aucune formalités d’entrée, nous sommes en emergency.

Yves part avec son copain des plus bienvenu et revient en nous disant que l’officier de l’immigration va revenir pour nous. Allez, hop, annexe à l’eau en deux deux, le moteur démarre au 3ème coup … cris de joie …  et bientôt on accoste.

Ah le miracle des îles, le bonheur est déjà là. L’ambiance est celle des îles indonésiennes, souvenirs, souvenirs ….

Nos passeports sont tamponnés pour l’entrée et la sortie pour nous et pour l’entrée pour notre équipage qui débarque. Merci Eva, Sail Indonésia et le Belitung officier d’immigration.

Hiu Ying, pied à terre a aussitôt repris la vie, doucement tout d’abord mais vite, bientôt la voilà marchant, mangeant et …. souriant. Ouf !  C’était bien le mal de mer, mais alors un vrai de vrai, pas pour faire semblant.

Nous voilà nous préparant pour partir demain lundi. Ce matin tôt, le génois de rechange a été hissé. Pour affaler le défunt génois, la Milwaukee a été ressortie pour monter le long de l’étai et défaire les lambeaux emberlificotés.

Le grain quotidien nous a permis de reprendre douche après le bain. Quel luxe, et une grosse lessive faite à grande eau.

Séparation : Hiu Ying et Maxime vont faire leur route vers Jakarta, Java étant une belle île à visiter. Hiu Ying est pimpante  et Maxime bien heureux de retrouver sa dulcinée en pleine forme. Et nous, bien soulagés. Tout est bien qui finit bien.

Avec Yves, nos faisons un tour vers des stands de communautés locales et achetons 3 petite plantes, histoire de retrouver un peu de verdure à bord et d’emporter un bout vivant d’Indonésie.

La Belitung, bière Indonésienne,

Le nasi goreng, plat indonésien,

Lîle et sa verdure,

Les gens toujours aussi souriants et selfisiant avec nous,

Tout nous rappelle notre si beau voyage en Indonésie avec Céline et Armin.

Nous voilà tous les deux, mais avec Milwaukee, notre nouvel équipage. Et au cas où, petite remise en forme de l’équipage …  on ne rit pas.

Amicales pensées à tous.

Claire et Yves

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Le restaurant de Belitung, île de granit.

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Départ de Sénibong Cove Marina Malaysia

Hiu Ying et Maxime se préparent et se restaurent avant le départ dans ce nouveau petit spot où se retrouvent le personnel de la marina pour une nourriture très locale et vraiment succulente.

hiu-yind-et-maximeDerniers préparatifs bien habituels avec le cérémonial de préparation des légumes achetés au marché local mais aussi avec des pommes et autres non locales.

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Mais une sympathique innovation pour ce départ vers l’Indien où nous naviguerons peut être à deux. Nous avons enfin, au prix de mille et un mails de Yves, reçu l’engin magique. Donc premier essai pour monter en tête de mat avec la Milwaukee conseillée par Locky. Alors merci Locky, se faire monter dans le mât est un vrai plaisir.

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On reluque tout de près, frottements, état des goupilles, des torons, de l’état des ancrages de haubans ….

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Occasion de voir la marina du dessus avec Singapour vraiment tout proche.

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Le restaurant en conteneur n’est pas encore inauguré mais il est très chic car se retrouvent ici les malaysiens des alentours mais aussi de Johor Baru qui viennent prendre un air de voyage devant la marina et fêter de nombreux anniversaires. Au moins 3 « Happy birthday to you » chaque soir dans nos oreilles habituées et chantonnantes.

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Et voilà, c’est le vrai départ, mais oui, cela nous arrive !

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Captain Yves et l’équipage sont tout content, amarres larguées.

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