Lumières

Doriane me réveille. 4h à bord, le bateau avance toujours à 6 nœuds, la mer s’est calmée,je regarde la route sur l’ordinateur et voit avec une franche et heureuse surprise que nous faisons cap direct depuis plusieurs heures. Il ne reste plus que 41 milles et nous avons toujours du vent, alors que les calmes d’un anticyclone rodent autour de nous. A peine habillée, car le froid sévi depuis plusieurs jours la nuit, je regarde vers l’AFRIQUE et voit les lumières de l’Afrique. Le ciel nuageux reflète les lumières artificielles et on devine un phare. Et puis, nous arrivons à compter les éclats du phare. 2 éclats toutes les 10 secondes. C’est le Cap St Lucia, 113 m de haut, c’est l’Afrique, là, à portée d’étrave avec probablement une arrivée ce jour. Nous sommes tous impressionnés depuis quelques jours par ce grand continent qui se dresse là, devant nous et qui va apparaître un beau matin. Voilà, c’est fait, on le devine maintenant par ses lumières. Pour l’instant les vents sont avec nous. Ici, il ne faut surtout pas arriver avec un coup de vent de sud, assez fréquents comme nous avons pu le constater sur nos fichiers météo. Avec le courant des Aiguilles qui descend du nord, la mer se lève avec force démesurée et on rapporte des hauteurs de vague de 20 m. L’Afrique se défends bien. Apparemment les augures sont bonnes pour nous. Plus que 36 milles maintenant.

L’Afrique est devant nous.

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Mercredi 30 novembre 5h locale (UTC+3).

L’Afrique s’approche

Jusqu’au sud de Mada, on pensait à Mada. Madagascar bien sur.

Nous avions alors parcouru 790 milles sur l’eau, 672 milles en direct depuis l’île de la Réunion. Sur cette route, les calmes nous ont torturé, tordu les boyaux. Quand la voile bat si fort dans le dévent de la houle, que toute la mâture s’ébranle à grand bruit, on a envie de crier « arrêtez tout ». Mais rien ne s’arrête comme cela, ici, on ne décide pas. Puis le génois léger nous a bien sorti d’affaire, mais il nous a lâché, il s’est déchiré. On a mis le beau spi rouge pour une après midi mais l’avons affalé quand le vent a cédé.
Sur l’océan, le bateau déambulait avec la grand voile aussi petite que pendant les grands vents. C’est le moyen d’éviter qu’elle ne s’abîme trop. Et le vent est apparu brutalement, mais pour moins de 24 heures. Avec notre grand voile toujours aussi petite, nous avons fait de la route et n’avons pas beaucoup dormi, secoués brutalement par une mer dans tous les sens. Et puis, Mada est partie dans notre Est, les courants se sont tus, la mer s’est rangée et le vent clément est là.

Chaque jour, un cuisinier de quart pour la journée.

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Le pro des babas au rhum ! chaque fois autant apprécié que le précédent

Moments de voile tout spécial hier soir. Soirée idyllique dans un état suspendu tant tout est parfait, dans une nuit noire sans lune ni étoiles, avec la quiche salade de Yves, les musiques de Bernard et le p’tit coup de rouge servi par Doriane.

Et voilà, il y a 417 milles entre l’Afrique et nous. Maintenant on pense à l’Afrique. Nous et l’Afrique. Bizarre même de se permettre d’associer ces deux entités. Notre bateau et l’Afrique, deux territoires qui se rapprochent au rythme du vent qui se calme, reprend, tourne, avec une mer raisonnable dans ses mouvements. Les fichiers météo sont lus et relus.

Rencontre prévue à Richards Bay pour mercredi, juste après le coup de vent de Sud à éviter à tout prix. Le coin est réputé pour être méchant dans certaines conditions et nous, nous nous souhaitons une belle arrivée tranquille.

 

Le thermomètre est en baisse et nous sortons les vêtements d’hiver.

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Et enfin, un poisson, un mahi mahi ! Pas bredouille les marseillais, ouf !

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Dimanche 27/11 12H25 heure de Greenwich, 27°06 SUD 39°50EST.

Le départ

Il y a 5 jours et 22h que nous avons quitté le Quai du Port de l’Ile de La Réunion.

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Départ de son île pour Doriane

Nous faisons partie de la dernière petite vague migratoire, les retardataires, ceux qui empiètent sur la saison. Nous sommes toujours en retard, et cela depuis que ce bateau a été mis à l’eau. Sauf peut être le jour où nous avons quitté la Rochelle dans le Rallye pour le Québec. C’était un peu comme un examen. Il fallait être à l’heure, pour les festivités d’abord, et faire partie du splendide spectacle nautique organisé. Alors on avait assuré. Depuis, nos prévisionnels de timing servent juste de … difficile de leur trouver un sens, un qualificatif. Peut être sont-ils un point de repère, pour nous rassurer, ne pas nous laisser avec un vide devant nous. Mais un point qui bouge sans cesse et nous laisse parfois fautif, en retard, toujours en retard.

Mais il y a toujours un jour où l’on part, et c’est exactement le bon jour, le meilleur des jours. Donc, nous sommes généralement dans les derniers fuyant la mauvaise saison. Mauvaise pour nous, les voiliers aimant gagner les espaces sans risques pendant les saisons cycloniques. Donc, toujours en retard mais pas seul non plus.

le-marseillais-au-regime

jojo-nous-suit

Et nous voilà en compagnie de Jojo qui nous suit. Petit thon nous ayant pris en amitié.

Environ 6 voiliers ferment donc la marche et nous avons pris la tête. Pas très convaincus de notre date de départ car la météo n’est pas très attrayante. Petit temps, petit temps et petit temps. Heidi et Nicolas de Fleur de Sel en profitent pour randonner sur tous les volcans. Ils ont du partir seulement hier. Alexandra et Jérome, deux musiciens partant au Mozambique professer leur art à l’université pour un mois sont partis moins de 24h après nous. Un cata avec un couple canado-espaniole embarquant Tanya et Evert, jeune couple de Cape Town que l’on doit retrouver chez eux, attendait du vent. Restaient deux autre couples, un tout jeune français et un bien ancien italien se débattant dans des problèmes informatiques. Escales techniques pour les uns, poétiques et physiques pour les autres, un jour, tout le monde prends le départ.

Pour la première fois depuis longtemps, tous capitaines de bateaux.

La vie est cool !

lecture-yves

que-des-skippers

22/11 13H30 TU

Notre positions à
– 4h TU 23°07S 50°19E Vent NNE 10 nds Baro 1018
– 13H30 TU 23°42 S 49°42 E VT NE 12 NDS Baro 1015,8 Houle de S 1,5 m

On marche gv arisée 2 ris pour limiter les chocs dans les déventes de la houle.
On a eu ce matin un courant très sale de 2 nds (dégazage) pendant 4 heures qui nous portait au sud.
On va maintenant tangonner le solent pour pouvoir abattre, le spi serait trop malmené avec les accoups.

Discussion entre voiliers..

Voici le message du bateau : Florestan


Bonjour Thalassanté,

C’est bien sympa de nous envoyer des nouvelles.
Tout va bien à bord. Le 22nov à 12h UTC, on est par 22°56S 52°48E. Le vent est totalement tombé et cela fait 4h qu’on a allumé le moteur. On fait 4 noeuds au 245°, contre une houle qui grossit à vue d’oeil.
Les infos concernant Florestan (plan Joubert acier de 1983)
Longueur hors tout: 11,5m
déplacement: 13 tonnes
surface GV: 30m2
surface génois: 45m2
longueur flottaison: 9,5m
surface spi Asymétrique: 70m2

Voilà. Comme le disait le navigateur Patrick Van God à propos de son propre bateau, du même style, c’est un mariage heureux entre un sous-marin et un tank.
Nous prévoyons de stopper le moteur la nuit. Vu le peu de vent, nous prenons aussi un cap qui nous fera passer plus près du sud Mada que les 150 milles recommandés par Cornell.
A bientôt!
Jérôme & Alexandra

Dimanche 20 à 19h locale

Bonsoir, Vent de ENE en matinée mollissant et tournant NNW en fin d’AM.
Sous génois léger, on arrive à naviguer avec une petite houle de NE.
Position à 19H40 locale soit 15H40 TU.
21°24S 53°05E Cap et vitesse fond 270° 3,5 nds Baro : 1017,1
Vent réel : NNW 4 nds mer du NE inf à 1 m
Sur les grib on voit le vent revenir vers 4h locale.
Beau coucher de soleil. Pensées océanes.Le bord

Le départ pour l’Afrique

Voici le nouvel équipage pour un départ vers l’Afrique ce Samedi…

Le nouvel équipage

Le nouvel équipage

Pendant notre traversée vers La Réunion, nous avons proposé à Bernard de nous rejoindre pour rallier l’Afrique avec nous. Être trois paraissait préférable pour ce bout de navigation et l’idée de pouvoir dormir plus de trois heures d’affilées très alléchante. Et puis, partager la vie du bord avec un ami est un bon moyen de se connaître différemment.

Bernard est donc arrivé à l’aéroport de St Denis, juste à temps pour passer sur la route du littoral avant la chute de quelques 4 000 tonnes de roches sur la voie. Dès le lendemain, il prêtait main forte à Yves. Le bateau, rangé pour son arrivée, retrouva vite son aspect désordonné avec en plus diverses batteries au milieu du carré. Et tout rentrait dans l’ordre, Bernard et Yves faisant une bonne paire de techniciens efficaces, nous permettant de finir l’escale technique dans un temps record.

Puis, il fut décidé à nous trois d’embarquer Doriane. Travaillant pour « notre » voilier, elle nous avait dès le premier jour manifesté son intérêt pour partir avec nous. Capitaine 200, voulant intégrer l’école pour un Capitaine 200 Voile, elle est avide de milles sous ses pieds.

Et voilà comment c’est à quatre que nous quittons La Réunion.

Le Port et le Quai du Port

Le Port, c’est la ville du Port. 9000 personnes viennent y travailler chaque jour. A notre arrivée, notre quai parait un peu triste, pas de belle végétation, un environnement peu avenant. Deux maîtres de port sont là, nous donnent les premières indications, les douches, le wifi, et sommes priés d’attendre à bord la douane, qui arrive rapidement.

La marina en voiles blanches

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le quai à marée basse et la marina en arrière plan, voiles blanches.

N’ayant pas fait escale à Maurice, nous n’avons pas droit à la désinfection prévenant l’importation d’une grosse fièvre. Le douanier est fort avenant, tout est vite réglé.

Puis Bernard fait son entrée en venant rapidement vers nous. Chevelu, barbu, sourire affiché, rieur, il est pécheur et habite pratiquement sur le Quai du Port avec son chien et son bateau. Son bateau est à sec mais mise à l’eau dans la matinée.

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Il nous présente tous les professionnels du Quai du Port dont les portes sont encore closes et les bons plans nourriture locale. Et là, on réalise qu’il y a potentiellement tout ce qu’il nous faut, à condition que la compétence soit là évidemment.

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La voilerie de Ben.

Et cette escale qui fut essentiellement technique fut une excellente escale technique. Compétence et gentillesse associées permirent de régler tout nos soucis. Ben ancien circumnavigateur et voilier gréeur nous rendit notre génois tout réparé. Yves trouva là le spécialiste du turbo. Il nettoya le notre démonté et remonté par notre Yves, en voie de professionnalisation en mécanique bateau.

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Sur le Quai du Port, on trouve beaucoup de professionnels ayant un cursus militaire, apportant à la plaisance un sérieux rigoureux. Cédric régla vite fait nos soucis d’ordinateurs et d’AIS. Voilà, tout cela pour rapporter fidèlement que le Quai du Port offre une escale technique de qualité.
Plaisanciers, venez donc au Quai du Port, vous y serez attendu professionnellement et votre bateau vous en remerciera. Et de plus, contre beaucoup de bruits négatifs sur le travail des fonctionnaires de La Réunion, notre panneau de pont expédié par Accastillage Diffusion de Marseille nous fut remis dans un délai fort acceptable et sans aucune complication.
Bon, c’était une new de pub pour la Réunion et le Quai du Port. Merci donc au Quai du Port sans oublier son camion à bière sous pression et ses petits plats locaux. Et pour parfaire le tableau, les professionnels du Quai du Port vous apportent, le matin de votre départ, l’un des viennoiseries chaudes, l’autre du pain de St Denis, brioche au géranium rosat et Lychees.

Du Port et de La réunion, nous embarquons Doriane salué par ses amis au départ.

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Randonnées à La Réunion

La Réunion est l’île des randonnées. Mais elle peut être aussi une escale technique pour les navigateurs avant de partir vers l’Afrique du Sud. Heidi et Nicolas sur « Fleurs de Sel », rencontrés il y à 4 ans en Nouvelle Zélande sont les champions des explorateurs. Ils sont là le jour de notre arrivée et c’est dans leur cockpit qu’ils nous assènent que l’on ne peux quitter la Réunion sans avoir fait au moins une randonnée.

Et chance pour nous, il y a la famille. Emmanuelle, Naélie et Chanthell nous kidnappent pour la soirée de Dipavali (nouvel an indien) puis ne nous lâchent pas jusqu’à nous faire céder, malgré une tentative d’annulation de notre part de dernier moment, afin de nous emmener retrouver une famille amie sur la côte est de l’île. Là, pique nique partagé, ballade autour de l’étang installé au fond d’un ancien volcan. Récompense rafraichissante, avec au bout de l’étang, les cascades. Et aujourd’hui où l’île a définitivement disparu de notre regard, il nous reste cette journée comme joli souvenir de la nature réunionnaise.

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PS : c’est le début de la saison des lychee qui poussent en priorité sur la côte est beaucoup plus humide. L’addiction des locaux pour ce fruit est réelle et sommes étonnés de voir les quantités importantes mangées en très peu de temps.