Nous voici tout proche de notre but, Richards’Bay. Nous sommes sans vent, malmenés avec une forte houle, un courant de 4 nœuds qui porte au sud sud ouest. Seul le moteur qui tourne maintenant depuis presque une heure peut nous permettre de franchir cette limite entre l’océan et la terre, de parcourir ces 15 petits milles restants sur une route de 1500 parcourus depuis La Réunion, Et le moteur s’arrête. Silence. Grand silence.
Tout le monde se retrouve aussitôt dans le cockpit. Nous savons que personne n’a éteint le moteur, parce qu’il n’y avait simplement aucune raison de l’arrêter. Aucune alarme au préalable. Cela s’appelle donc une panne. Une panne moteur, de notre moteur qui ne nous a jamais lâché jamais en mer. On a eu des soucis de manettes de gaz, de turbo, mais qu’il nous abandonne là, comme cela, non. La côte est bien sur en vue, le ciel gris triste, et le courant, on sait qu’il est là et fort. Un écart de 70° entre le cap magnétique et le cap fond lorsque l’on avance a 4 nœuds sur la surface de la mer, c’est une belle marche en crabe. 20° pour la variation magnétique et donc 50° pour le courant.
Bon, il est tôt dans la matinée, cela nous laisse de la marge pour trouver une solution. Passer Richards’Bay et continuer sur Durban ne serait pas confortable, la météo changeante, les courants … Les garçons se jettent sur le moteur, les filles sur le tissu, les voiles quoi. Maintenant sous solent nous avançons a plus d’un nœud sur l’eau. Nous arrivons a conserver un cap, nous marchons bien avec le courant mais pas vers le port. C’est étonnant ce plus d’un nœuds de vitesse sur l’eau que me confirme notre sillage. Les accoups dans les voiles nous font avancer, les vagues aussi nous propulsent par accoups. Et je regarde la côté d’Afrique et je me dis que l’Afrique se défends bien. Quels sont les esprits de cette terre qui réservent à certains navigateurs quelques petites blagues de ce genre.
Nous sommes dans un vide d’espoir, celui de se voir amarrés aujourd’hui à un quai, mais nous y croyons tout de même. Yves et Bernard inspectent les filtres, démontent le rotor de pompe à eau pour constater qu’ils ne trouvent rien d’anormal. Là, on apprécie comme toujours ce moteur si accessible au milieu du carré et dont on peut faire le tour. Un voilier norvégien passe par là, en provenance de Madagascar avec 9 personnes à bord. Rien à faire pour nous, trop de houle pour qu’ils nous remorquent, ils préviendront les autorités à leur arrivée. Bon, c’est déjà un gentil petit signe ce voilier.
Ne voyant plus rien a vérifier rapidement, il reste a tenter un démarrage. Yves remonte le rotor, va chercher pour cela un joint neuf. On navigue comme si tout était normal, on arrive a la latitude de Richards’Bay, cap au sud sud ouest, le courant est constant . Allez, cher moteur et si tu redémarrais maintenant.
Bernard remonte un filtre, …. allez, même sans y croire beaucoup, mais si, allez, il va démarrer. Çà y est, Yves tourne la clé, le démarreur tourne, mais rien de normal ne se passe. Yves insiste, insiste, et ça y est, oui oui, il démarre.
A 2000 tours, tout roule bien. Allez l’Afrique, arrête de nous faire peur, c’est bon maintenant, laissez nous passer. A 13 heures, nous sommes amarrés et bien bien bien contents. Il est 12 heures ici, heure de l’apéro !
Première vue de la terre d’Afrique.
Entrée dans le chenal du Port de Richards’Bay.
On longe le chenal
Voilà voit la bouée à laisser à tribord pour aller vers la marina.
A quai, chouette, encore un baba au rhum !