Et nous voilà partant pour Port Elisabeth. 380 milles. Nous sommes des acharnés des sites de prévisions météorologiques. On compare nos impressions. Les prévisions changent vite. Pas très rassurant car une fois partis …. C’est l’étape la plus délicate du voyage. Le courant des aiguilles longe le plateau continental, environ 200 m de fond. Un gros courant favorable, détectable au thermomètre qu’il faut trouver au plus tôt. Mais surtout, il faut avoir la bonne « fenêtre météo », se garantir des vents portants car si ils viennent à tourner, le conflit vent contre courant génère de grosses vagues. Les descriptions sont effroyables. Jusqu’à 20 m de haut. Bon, même la moitié, nous ne voulons pas voir cela. Cela ferait beaucoup de choses à raconter, certes, mais vraiment, nous préférons les récits tranquilles, les petits oiseaux, les jolis levers de soleil, les recettes de cuisine …..
De quoi décevoir mon ami et papa bateau Alain qui m’écris ceci : « Ras le bol de voir vos corps bronzés et vos tauds de soleil . Nous les Bretons de la Manche, ce qu’on aime c’est les bottes et les cirés avec serviette autour du cou et lorsqu’on se déshabille, que ça sente fort et mauvais … ».
Ayant eu la chance d’arriver jusqu’au bout à la voile, Yves nous réveille, mets le moteur en route. Nous nous préparons à tout affaler mais silence. Moteur en rideau. Nous pensions avoir résolu le problème à Richards Bay avec le changement de pré filtre, sachant tout de même qu’il faudrait surement nettoyer le réservoir, mais on avait un peu oublié.
Heureusement, nous sommes rodés sur le problème. Doriane et moi gérons le pont, profitons d’un air léger pour aller vers la zone de mouillage des cargos. Yves plonge dans les fonds pour trouver le pré filtre tout noir. En un tour de main, il le change et le moteur redémarre. Direction le port, le jour s’est bien levé et nous nous mettons à couple d’un bateau de pêche. Que c’est bon d’être amarrés à Port Elisabeth. C’est la dernière arrivée pour Doriane qui nous quitte le lendemain. Nous sommes restés un mois ensemble. Seul petit regret, ne pas être arrivés ensemble à Cap Town et avoir passé le Cap de Bonne Espérance. Ce sera pour l’an prochain, elle trouvera un autre bateau à la Réunion ou plutôt elle partira de Port Elisabeth. Là, elle va partir aux Sables d’Olonne pour tenter d’intégrer le module voile de son Capitaine 200. Elle nous quitte avec 2000 milles de plus dans ses bottes, enfin, ici les bottes, c’est une image.
Deux jours plus tard, nos amis arrivent. Les trois bateaux plus petits que nous aurons fait beaucoup de moteur. Mais pas question de traîner dans ces parages, il faut tenir le plan de vol car gare aux méchantes vagues. Au total, le courant nous aura poussé sur 98 milles, plus d’un quart de la route. Bien sympa un courant qui ne se renverse pas !