Bientôt la France.

Et c’est parti pour La Grande Motte.
Dernière nuit,
Dernier coucher de soleil,
Derniers quarts,
pas si simple mais
pour cette série de « Derniers », la pleine lune est avec nous.

Alors il faut marquer, fêter ce passage, celui de notre équateur à nous, de notre méridien à nous, de l’instant qui s’en va et nous propulse dans un ailleurs un peu inquiétant.

Nous nous y préparons depuis plusieurs mois, avec Madère qui reste notre premier sympathique sas de reconnexion. Puis Gibraltar, les vents, les attentes, les nouvelles rencontres. Le moment fatidique approche. Nous sommes confiant mais avouons le, un peu effrayes.
Alors trinquons à nous deux, à la mer, au bateau, à la vie, trinquons à tout ce monde, à ce magnifique voyage, et pour commencer au vin blanc bio de Portbou !
Puis tapas fromage de cabra et ramon tout finement coupé, poêlée de girolles de Portbou avec un peu d’ail et mousse/gâteau au chocolat classique mais au final pas si classique, délicieux ! avec touron et petit verre de Madère pour retrinquer encore.

Le soleil nous livre des couleurs orangée parfois fluo, une belle flambée pour la dernière … et patati et patata.

Les heures de nuit s’égrennent, c’est mon quart du matin et là, horreur. Je vois Yves emmitouflé, deux polaires, une veste de quart. Me voilà donc acculée à me couvrir de multiples couches. Le moral est en berne, la colère proche. Mais d’ou sort tout ce froid !
Et le soleil revient, la chaleur avec, le port approche, le vent est parti se promener ailleurs, la mer est d’huile, le moteur ronronne.

Ca y est, c’est fini, cela va finalement arriver, cela va finir, aie aie aie. Je dois trouver un symbole de passage, vite, je doit couper, je ne vais pas me lamenter tous les jours, toutes les heures, minutes. Je dois passer à autre chose, comment, quoi ???
Et l’idée du bain émerge. L’eau, me plonger dans cette eau gelée de Méditerranée, me reconnecter avec elle, avec ce continent, allez, ne pas réfléchir, faire, agir, c’est tout.
Je stoppe le moteur, Yves qui revient de l’avant pour preparer les amarres n’entends plus le moteur, pense à une panne. Vite dévêtue, je sort d’un coup devant lui et va vers la plage arrière, notre plage. Nous rions se la surprise.

Je descend le long de l’échelle de bain et là je commence à hurler. Je hurle, et hurle à fond. C’est très très froid, terriblement froid, les tropiques c’est fini, je hurle à la mort, ne retiens aucun son, vide tout. Yves est content que nous n’ayons pas de voisin.
Au bout d’un moment, je m’adapte et me sent prête à m’immerger entièrement.
Je nage un peu, fait la planche, remonte un peu sur l’échelle, le soleil chauffe la peau, cela devient presque agréable. Voilà, c’est fait. Je sors, il fait bon.
Tout est devant. Moteur.

Claire le 5 octobre, au large de la Grande Motte