Escale à Cadix

Les forts vents nous ont contraints à ne pas entrer en Méditerranée pour atteindre Gibraltar. Ainsi nous faisons escale à Cadix.

Depuis Madère, nous avons fait une belle navigation. Très content d’avoir pu naviguer avec Claire et Yves à bord de Thala. Six jours très sympathiques où nous avons rencontré différents types de vents. Yanis a bien accepté cette vie de marin. Les dauphins, oiseaux et différents bateaux vus au loin ont permis de créer des événements.

Cadix est la fin de notre navigation. Demain nous prenons l’avion pour retourner dans notre quotidien. Le bateau continua sa route en Méditerranée..

De Cadix,
Nicolas..

En famille pour une fin de tour du monde

Madère est notre dernière escale, nous le savons, nous l’avons décidé.
L’île nous a enchantée, nous a séduite au point que nous avons bien failli y rester.
Presque trois mois d’escale à Madère pour intégrer l‘étrange réalité d’un retour, de la fin de notre vie de nomade sur ce bateau, notre maison depuis 12 ans.

Et c’est en famille que nous passons ces derniers instants, ce dernier cap. Elisabeth et Nicolas nous ont rejoint avec leurs enfants. Anne connaît bien notre bateau, elle y aura séjourné plus de trois mois, aves sa première grande navigation à l’âge de quatre mois. Gaële et Yanis ont 7 ans. Nous les découvrons peu à peu, avec leur étonnante vivacité.

Nous passons ainsi deux semaines à parcourir cette île avec eux. Les ballades le long des lévadas, les nombreuses fêtes, les baignades, sortie en mer, la gentillesse des gens du cru et l’histoire de Madère.

Au passage, me voilà nantie d’un nouveau nom, MamiJi. Va falloir assurer, nous allons garder Yanis trois semaines.

Mais finalement, Nicolas peut se dégager pour finir ce bout d’Atlantique avec nous et reviens au bout de quinze jours à Madère. Pour clôturer en beauté ce voyage, voilà donc le fils, le père et le grand père, trois générations d’amoureux des bateaux et de la mer. C’est un grand bonheur.

Le vent et la mer nous sourient. Une dorade accepte de se faire prendre pour honorer cette belle journée où nous filons depuis quelques heures seulement en ligne directe sur Gibraltar.

Jouer, cuisiner, manoeuvrer, regarder le coucher de soleil, avoir encore une fois l’océan pour nous sur 360°, il fait bon, le bateau marche bien toute voiles dehors et la vie est belle. Demain sera une autre histoire, à construire.

Claire.

Départ de Madère

J’ai regagné le bord de Thala depuis quelques jours. L’idée première était de retrouver Yanis, qui était resté avec Yves et Claire depuis le mois de juillet. Mais surtout pouvoir naviguer et partager un bout de cette aventure.

Ainsi depuis hier, nous avons quitté le port de La Calheta pour rejoindre Gilbratar. Un équipage de quatre avec Claire, Yves, Yanis et Nicolas. Nous nous relayons en quart pour nous occuper de Yanis. Une tâche qui jusqu’ici occupe bien plus de temps que la navigation.

Au large de Porto Santo,

Nicolas..

Terre

Terre, terre, oui, c’est vraiment surprenant d’avoir une terre devant nous.
Nous voyons un rêve ! D’abord fondue dans un nuage, une pente douce se distingue nettement au nord. Mais, pas de doute, c’est elle, l’île, Madère, à une cinquantaine de milles de nous. Le vent calme, très calme de cette nuit s’est relevé ce matin. 8 puis 9 puis 10 nœuds de vitesse nous laisse présager une arrivée pour ce jour, 26ème jour de mer. A l’intérieur, rien n’a changé. Les mêmes objets qui se balancent …. Nous montons sur le pont et cela recommence Terre !!!! il y a la terre. Nous sommes comme deux enfants tout content d’eux et tout surpris en même temps. Il faut du temps pour s’habituer, s’habituer à partager notre horizon à nous, à nous seuls.
Allez, hops, nous rentrons dans le bateau et là, tout est comme d’habitude, penché, mouvant, seuls les tiroirs à légumes presque vides sont la marque du temps écoulé, d’un temps de navigation hors temps. Nous remontons et découvrons l’île en entier. Jolie symétrie, une pente douce
des deux côtés. Mais qu’elle est petite. Mais quelle était notre dernière île. Ste Hélène ! Retour dans le bateau sur l’ordinateur à carte. Voyons, Ste Hélène, 10 milles par 3 milles, un confetti !
Madère, 30 milles dans sa longueur et 12 dans sa largueur. Un continent ?

Nouvelle lune

Aujourd’hui, nouvelle lune. Nous avons passés hier une soirée agitée où le vent cherchait sa place pour la nuit. Dans ces moments, il ne sait plus bien qui il est, quel choix doit il faire. Un nuage noir le déroute facilement, revient, tourne et retourne encore. Empannage, puis virement de bord et revirement de bord, il se joue de nous et nous jouons avec. C’est la vie du vent et la nôtre. Le programme de la soirée terminé, nous nous nous calmons ensemble, se calons l’un sur l’autre, lui au nord, nous au près. Et la nuit fut douce. Ce matin, pour la nouvelle lune, nous retrouvons le grand soleil qui hier, s’était beaucoup caché, jouant avec les nuages. Chacun à ses jeux ici.
29°30N 27°25W. Nouvelle lune qui va vers l’été.

Madère

Au moment où il fallait prendre l’option Madère ou Açores, la route des dépressions a rendu clairement possible celle pour Madère. La situation dont nous rêvions quand à Jacaré, nous avons été tenté par ces îles.

Eric, notre voisin de ponton est un ambassadeur prosélyte de son village « Jardim do Mar ». Sa description enthousiaste, fleurie, alléchante de fruits à prendre directement sur les arbres, d’un système d’irrigation aussi ancien que remarquable, et d’un village sans voiture nous a d’emblée séduite. N’étant ni l’un ni l’autre jamais été à Madère, ces îles présentent aussi d’autres avantages. Un peu plus sud donc moins fraîches, une population polyglotte, une destination moins courue à cette époque que les Açores, portail des bateaux qui rentrent des Antilles.
En effet, c’est la transhumance des bateaux qui rentrent sur l’Europe et fuient la période cyclonique des Caraïbes.
Nous naviguons donc tranquillement au cap direct pour Madère, avec au bout de nos deux lignes de pêche, du ravitaillement frais hier sous la forme de deux jolis poissons, mais tous petits en comparaison de nos prises déjà anciennes de mahi mahi et thon. Un poisson pour deux par repas, cuit au four pour Yves, au citron pour moi, un régal grandement apprécié. Le fénugrec germé nous constitue de jolies salades et nous dégustons cet océan bleu de rêve, en bordure de vents forts plus au nord.
Par 29°N 30°43W.

Temps biblique

Le jour pointe sa lueur laissant pour encore un temps celles de la lune et de Vénus nous inonder d’admiration. La dernière brise de la nuit s’est tut. La longue et douce houle maintient quelques vibrations aquatiques modifiant le bleu de l’océan. Rien, le vide sur cette immensité qui attends, qui attends, le commencement. Le bateau se dandine au gré de la houle et les petites voiles blanches captent le moindre passage de ce que l’on ne peut encore appeler souffle. C’est juste la préfiguration d’un souffle, d’un souffle nouveau qui va embraser l’humanité. Pourtant, l’immensité lisse ne laisse rien présager de tel. Aucun signe, aucune vie, aucun souffle. Mais nous sommes Dimanche, premier jour des jours. Bientôt va peut être arriver la colombe avec son brin d’oranger dans le bec. Mais non, pas elle, cela à déjà été fait il y a quelques temps, et notre arche en fait de représentation des espèce ne comprend qu’un vieux couple sans plus d’espoir d’enfant, quelques vers de terre dans le bac à plantes, mais oui, nous avons des plantes et de la terre ! et qui proviennent de Belitung en Indonésie, de la Réunion, d’Afrique du Sud, de Sainte Hélène, et du Brésil. Alors, cap sur la terre Capitaine, à notre vitesse actuelle de 1,69 nœuds, nous pourrons accoster Madère dans 27,7 jours. Et oui, les temps ont changés et la précision est de mise. Et notre grand guide, Mr Grib, nous annonce du vent pour demain, et dans le bon sens. Alors bon dimanche à tous par 27°39.2270N et 035°47.4009W pour être très précis.

Degrés

Degrés de latitude nord inversement proportionnels aux degrés Celsius. Depuis cette nuit, couverture pour dormir, petite soie sur les épaules, nous arrivons à 25° de latitude nord. La mer s’est ordonnée, permettant l’arrêt des plats sur la coque et amenant du repos. Le vent a molli, et toutes voiles dehors depuis ce matin, nous poursuivons à 50° du vent notre route nord. Anticyclone et dépression sembleraient se présenter comme nous le souhaitions pour mettre cap sur Madère. Plus sud que les Açores, nous y espérons une température plus adaptée à nos corps tropicalisés. 1100 milles en ligne directe, avec les taxes à payer à Éole, cela fera environ 1300 milles. Alors nous apprécierons si tout ce que nous a venté notre ami Éric, de Madère, sera à la hauteur des rêves qu’il nous a inoculé à Jacaré.
En attendant, Yves s’active sur la pêche, moi sur les graines germées car côté frais, la cambuse est maintenant vite parcourue. Les derniers fruits de la passion vont passer à l’extracteur de jus. Une partie pour le juorum, l’autre avec les dernières carottes, minuscules betteraves, citron et gingembre.
La mer est belle, la navigation est belle, merci la vie.

10ème jour de mer

Une toute petite moyenne pour ces 10 jours, à peine plus de 100 milles par jour avec une journée à 40 milles. Le pot au noir n’est plus notre préoccupation, nous l’avons passé avec une seule heure de moteur, histoire de le faire tourner en nous faisant de l’air. Les alizés nous font avancer, sans plus trop de grains. La pleine lune est passée et nous profitons du ciel étoilé des débuts de nuits qui nous montre l’étoile polaire. Nos observations fébriles de la météo vont maintenant aux mouvements de
l’anticyclone des Açores et des dépressions dans son nord. Les bateaux des Antilles scrutent aussi les mêmes cartes pour se lancer à leur tour vers les Açores. L’Atlantique nord va se remplir.

Les tiroirs à fruits et légumes se vident. Adieu avocats, ananas, et mangues mangés à profusion. Le chou va bientôt faire sa sortie. Voilà notre quotidien devenu un peu monotone à cette allure penchée et parfois humide quand une vague balaie le pont. Encore une petite semaine à ce rythme là si tout va bien.

13 mai 10°34N 33°38W

Passage

Esprits du vent, esprits de la mer, esprit de l’univers, nous voyons que vous avez apprécié nos libations à leur juste valeur. Deux ananas fraîchements pressés à l’extracteur manuel, une coco rapée avec le nouvel outil du Brésil au top, et du bon rhum nous mirent en conditions pour avoir la force de quitter ce sud où notre embarcation baigne depuis des années. Que de fruits nous aurons mangé, découvert et apprécié. Que d’épreuves auront nous eues à franchir, de tous ordres, sauf du bateau qui fut en tout point toujours en haut de sa forme (merci Yves et l’entretien assidu de Thala couronné de succès). Nous laissons dans les eaux du sud nos derniers wagons à décharger, une nouvelle vie s’annonce surement.

Afin de nous sustenter suite à une ingestion conséquente du breuvage suscité : Avocats, galettes de sarrasin aux légumes frais, nourriture empreinte de symbole grâce à la forme en coque de bateau du demi avocat et à la rondeur astrale des galettes. Rien n’est négligé et surtout pas nos corps revêtus pour l’occasion de colliers, couleurs et tissus tous empreints de souvenirs délicieux. Pour les coiffures, éole s’en chargeait scrupuleusement, renouvelant incessamment l’ordonnance des masses respectives.

14 heures, 45 minutes et 30 secondes, heure locale, nous passons l’équateur à 30°59.446 de longitude Ouest. A cela nous voyons que nous ne sommes pas au siècle dernier, laissant éteinte à jamais la fameuse angoisse spatiotemporelle tant décrite au temps où sextant, tables et montre avait tellement moins de précision mais encore tellement plus que du temps où la longitude, et bien, on ne savait pas la calculer.

Alors là, nous sortîmes les bulles fraîches et en fîment largement profiter la mer et le bateau, avec tous les remerciements d’usage. Et, surprise, les bulles furent délicieusement appréciées, cette production italienne un peu suspicieuse au départ étant à la hauteur de nos envies. Comme quoi, jamais médire avant de gouter, être toujours prêt à apprécier du différent, ce fut la dernière belle histoire de l’hémisphère sud.

Final : des truffes au chocolat et dégustation des bulles.

Depuis hier après midi, le vent souffle régulièrement, nous avançons grand train, plein nord. Hier soir, vu la grand ourse pointer le nord, mais la polaire se cache encore …